36 - Bambusa aff. indigena - espèces introduites en Nouvelle-Calédonie
Article 36 - Bambusa aff. indigena - espèces introduites en Nouvelle-Calédonie
Robert Kernin, le 20 décembre 2017
Ce bambou est présent dans une grande propriété de Nouvelle-Calédonie. L’étude que j’en ai faite a permis de l’identifier comme étant du genre Bambusa, et la comparaison entre les 139 espèces recensées dans ce genre (+ les variétés) m’a permis de sélectionner 4 noms possibles : B. chunii, B. corniculata, B. cornigera et B. indigena.
En poussant les comparaisons, seul Bambusa indigena correspond, avec cependant un détail à résoudre, du fait que j’ai trouvé 2 descriptions contradictoires concernant les feuilles, à savoir :
- face inférieure des feuilles est indiquée comme pubescente dans une description (ce qui est le cas de mon spécimen). Rien n’est dit sur la face supérieure, laissant logiquement penser qu’elle n’est pas pubescente (ce qui est le cas de mon spécimen).
- dans une autre description, c’est la face supérieure qui est déclarée pubescente, et rien n’est dit sur la face inférieure.
Bien que certaines descriptions, sur les 139, aient été sommaires, elles m’ont tout de même permis en procédant par élimination, de ne garder que 4 espèces pour examen approfondi. Du fait du doute concernant la pubescence des feuilles, je fais précéder le nom d’espèce de ‘aff.’, - abréviation de ‘affinis’ - indiquant donc qu’il y a un doute sur le nom d’espèce mais qu’il y a affinités avec l’espèce nommée. Tout essai d’identification d’une espèce étant lié aux descriptions que l’on arrive plus ou moins à se procurer, et malgré que mes recherches me laissent supposer que cette espèce est Bambusa indigena, je serai heureux de communiquer mes fiches de renseignements à toute personne se proposant d’étudier ce bambou en Nouvelle-Calédonie. On peut me joindre, entre autres, en mettant un message sur ce blog. Je me ferai un plaisir alors d’indiquer l’endroit où l’on peut voir ce bambou.
Bambusa indigena est originaire des provinces du Guangdong et du Hainan en Chine. La hauteur de ses chaumes est donnée entre 10 et 14 m pour des diamètres entre 4 et 5 cm.
Nous ne sommes pas ici en présence d’un ‘géant’ à l’aspect massif, mais d’une grande espèce aux chaumes relativement fins (photo 1)
. La hauteur des chaumes sur le pied étudié en Nouvelle-Calédonie est de 10 à 11 m pour les plus grands, pour un diamètre maximum relevé de 6,1 cm au 8e entre-noeud (5,6cm au 5e entre-nœud sur le même chaume), et de 4 à 5 cm en moyenne (photo 2)
. Les chaumes du centre sont assez érigés, ceux de la périphérie étant inclinés à 45° environ, comme c’est souvent le cas chez les bambous cespiteux. Une pruine légère est visible sur certains nouveaux chaumes (photo 3)
, d’autres ne sont pas pruineux et leur couleur est alors vert moyen, plutôt foncé avec une légère brillance (photo 4)
, puis ils deviennent vert clair et mat en vieillissant, alors que ceux exposés au soleil tournent au jaune délavé (photo 5)
.
Les entre-nœuds de la base ne sont pas du tout compressés, et certains présentent de légers zig-zags entre eux (photo 6)
. Quelques longueurs relevés sur un chaume de 5,9cm de diamètre, en partant de la base : 8 / 21 / 26 / 30 / 31 / 33 / 35 / 36 / 36, cette dernière longueur étant le maximum relevé sur le plant. Ils ne sont pas striés et le sillon inter nodal est absent. Ils sont lisses au toucher. Présence d’un anneau blanc en partie supérieure du nœud, et d’un anneau brun clair en partie inférieure, sous la cicatrice de gaine (photo 7)
.
Les gaines de chaume (photo 8)
, caduques, ont les épaules asymétriques, l’un des côtés étant plus haut et plus long que l’autre (photo 9)
. Exemple de mesures : 24 cm de haut, pour une largeur de base de 29,5 cm et une largeur à l’apex de 11,5 cm.
La couleur des gaines fraîches est le vert clair, parfois (rarement) striée de fines bandes blanc/crème/jaunâtre nettement marquées (photo 10)
, et plus fréquemment de bandes de différents vert jaunâtres diffuses (photo 11)
. En vieillissant ces gaines deviennent parfois orangées (photo 12)
puis brun clair en séchant. Elles sont finement striées et lisses au toucher photo 13)
, bien que leur face dorsale soit garnie de minuscules poils blancs clairsemés, mais à peine décelables au toucher. La face interne est glabre. Absence de pruine sur les 2 faces.
Présence d’oreillettes, ornées de longs cils brun clair ou blancs (photo 14)
. Elles sont de tailles différentes, la plus petite étant parfois minuscule (photo 15)
. Exemple de taille sur une même gaine : grande oreillette 1.3cm, arrondie à son extrémité mais de forme générale un peu allongée, la plus petite 4 mm. Les cils sont nombreux, et se prolongent d’une part sur les bords inférieurs de la languette (photo 16)
, et d’autre part sur les bords de la gaine de chaume (sous forme de minuscules cils très courts), sur quelques centimètres seulement, la gaine ayant ensuite des bords non ciliés.
Ligule fortement convexe formant un angle accentué en son milieu, très nette et régulière sur toute sa longueur, d’une hauteur de 3 à 5mm, bordée de très petits et fins cils blancs (photo 17)
Un de ses côtés plus long que l’autre, suivant en cela la forme asymétrique de l’apex de la gaine .
Languette : hauteur 16.5cm, largeur à la base 11.5cm pour une gaine de chaume de 24 cm de haut pour 29.5 de largeur à sa base. Cette languette est dressée, fortement striée, triangulaire, la largeur de sa base étant parfois aussi large que l’apex de la gaine (photo 18)
. Présence de longs cils blancs/brun clair sur les côtés de la partie inférieure de la languette, ces cils se raccourcissent en remontant. Présence de longs cils blancs très fournis sur la base interne de cette languette, sur les côtés seulement et disparaissant en se rapprochant du centre (photo 19)
. Présence de rares poils brun foncé à brun moyen, diffus, sur sa face interne (à observer à la loupe x 10). Présence de minuscules poils blancs, clairsemés mais plus nombreux que ceux de la face interne, sur sa face externe. On retrouve ces mêmes poils sur la face dorsale de la gaine de chaume, mais ils sont plus nombreux sur la languette.
La cicatrice de gaine est fimbriée, très légèrement proéminente par rapport au nœud (photo 20)
.
Les branches :
La couleur de certains bourgeons est surprenante, une sorte de rouge / rose, très intense et net (photos 21, 22 et 23).
Les branches apparaissent dès le 2e ou 3e nœud. Elles mesurent de 1 m à 2,30 m.
Aux premiers nœuds seule la branche principale est bien développée, alors que les 2 branches secondaires restent très courtes et forment des sortes de longues épines, recourbées modérément vers le bas, pas très dures, leur extrémité se cassant facilement (photo 24)
.
Plus haut sur le chaume le schéma général est comme suit : une branche dominante, restant rarement dormante, encadrée de 2 branches secondaires moins épaisses, puis de 2 paires de branches latérales plus fines que les secondaires, puis jusqu’à 3 autres paires de petites branches, ces dernières embrassant le chaume et pointant vers l’arrière (photos 25 à 28)
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Le tout donne un bosquet impénétrable avec des branches enchevêtrées partant dans tous les sens (photo 29)
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Les feuilles :
Longueur maxi relevée : 18.2 cm pour une largeur de 20 mm
Autres mesures : 17.1cm x 25mm // 17.2cm x 22mm // 16cm x 18mm // 10.5cm x 2.2cm, mais en moyenne elles sont plutôt autour des 10/13cm de long, donnant un aspect général d’un bambou à petites feuilles (photos 30 et 31)
.
Non tessellées (photo 32)
, non parcheminées, de couleur vert clair.
Nombres de nervures secondaires : de 5 à 7 (photo 33)
Longueur du pétiole : 1 à 2mm
Nombre de feuilles par ramule : en général de 6 à 9
Lisses face supérieure, très légèrement rugueuse face inférieure, à peine perceptible sous le doigt. A la loupe on constate que la face inférieure est recouverte de petits poils blancs, très nombreux sans être denses (photo 34)
. On a aussi confirmation par la loupe que la face supérieure est glabre (photo 35)
.
Coloration : vert moyen/ clair brillant dessus, vert glauque, mat, dessous
Présence de crochets tout autour, mais cependant plus développés sur un seul bord.
Gaines foliaires : présence d’oreillettes bordées de très longs cils blancs, quelques rares poils blancs diffus sur la face dorsale (photo 36)
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Turions :
Le bouquet final est dressé (photo 37)
. Les languettes de gaines sont dressées (photo 38)
.
Au toucher, on sent à peine un duvet très court sur les gaines.
Les gaines sont vert clair, avec quelques bandes, mal délimitées, d’autres teintes vertes jaunâtres et brunes se fondant entre elles (photo 39)
. La couleur générale qui en ressort reste le vert clair (photo 40)
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Les bords des gaines sont vert jaunâtre plus clair, avec une bande brune sur l’extrême bord (photo 41)
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Rarement une strie ou deux, blanc/ crème/ jaune, marquées nettement, sont présentes sur les gaines (photo 42)
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Je finirai cet article avec quelques photos de turions à différents stades (photos 43 à 46)
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