39- Les Gunneras
Article n°39
Les Gunneras
Robert Kernin, 02 septembre 2018
Photo 1 – Gunnera kilipiana
Avec cet article je déroge à la règle de ce blog qui est dédié normalement aux bambous. J’avais fait une première exception pour les fleurs des frangipaniers. Cet article devrait être unique, mais s’étoffera au cours des prochaines années, au fur et à mesure de la croissance des plants, et j’espère avec de nouvelles espèces, et bien sur de nouvelles photos.
Concernant les gunneras voilà pas mal d’années que ces plantes ont attirées mon attention, et ayant l’occasion de faire un nouveau jardin, j’ai décidé de les mettre à l’honneur,
Mon expérience étant récente, je ne pourrai donner de conseils de culture, sinon qu’en été des arrosages importants et journaliers sont nécessaires, à moins de les planter en bordure de ruisseau. Dans mon jardin pas de ruisseau, mais un puits me donnant l’eau à volonté.
Trois grands pommiers en bout de jardin m’ont permis de planter mes trois premiers plants de grands gunneras (3 espèces différentes) de manière assez parfaite, c'est-à-dire de l’ombre en matinée et début d’après midi, puis soleil en milieu d’après midi. La terre est profonde, et l’ombre des pommiers permet qu’elle se maintienne fraîche et garde longtemps l’humidité des arrosages. Une 4e espèce de grand gunnera est en attente et ne sera mis en pleine terre qu’en 2019, voir 2010.
Je parle de ‘grands’ gunneras car il existe aussi de nombreuses espèces de gunneras nains, ainsi que d’autres de taille moyenne.
Je maintiens mes quatre espèces naines dans de grands pots. La situation idéale est identique aux autres espèces, situation ombragée la plupart du temps avec si possible un peu de soleil en cours de journée, en veillant à l’arrosage journalier également. Ces petites espèces semblent plus rustiques que les grandes. J’ai effectué des essais de culture en plein soleil, mais à la longue les feuilles brûlent entièrement ou partiellement sur leur contour. Ce qui confirme que la culture en situation ombragée est préférable.
Enfin une espèce aux feuilles de taille moyenne, africaine, Gunnera perpensa, complète ma collection. Très vigoureuse, cette dernière perd presque la totalité de son feuillage à – 6°C (sous tunnel), mais le redémarrage est assuré. En extérieur un plant s’est comporté de façon identique. Quelques feuilles ont subsisté à -6°C (des vents forts ont du même faire descendre la température au-delà), mais le redémarrage a été fulgurant. Ce plant est contre un muret en pierre au milieu du jardin, en plein soleil, ce qui fait sécher les feuilles en cas de canicule, mais d’autres naissent sans cesse. Le muret le protège des vents du nord. La culture en situation ombragée sera préférable.
Description et photos des 9 espèces de ma collection
:Espèces naines : Ces espèces forment des tapis et une fois installées s’étendent rapidement. Je les maintiens en pots, genre vasque, une terre profonde n’est pas nécessaire, exceptée pour maintenir l’humidité, car les racines restent en surface. Mes 4 espèces sont dans des pots de même fabrique et couleur, mais de taille différente, ce qui donne à l’œil un bel ensemble disposé en cascade, ou terrasses, de différentes hauteurs.
- gunnera cordifolia : (photos 2 à 4).
Originaire de Tasmanie, les feuilles sont d’un vert clair très brillant, et forment des rosettes, mais relativement dressées, contrairement aux rosettes de g. hamiltonii qui sont aplaties. J’ai cette espèce depuis peu, elle a supporté sans aucun dégât un -6°C sous tunnel, mais j’attends de la reproduire pour faire des essais en extérieur, ce qui se fera en hiver 2018/2019. Ses feuilles atteignent 4,5 cm de large pour 3,5 cm de long.
- gunnera hamiltonii :
(photos 5 à 8). Oiginaire de Nouvelle Zélande, ce petit gunnera possède des feuilles formant des rosettes, de couleur kaki mélangé de brun (tout comme l’espèce précédente), de 3 cm de long par 2,5 cm de large. La face interne des feuilles est vert clair. Des petites dents, rappelant celles d’une lame de scie à métaux, très régulières, ornent le contour des feuilles. C’est l’espèce la plus délicate, il ne faudra pas l’arroser aussi abondamment que les autres et lui fournir un peu plus de soleil
- gunnera magellanica :
(photos 9 à 11). Originaire d’Amérique du sud (Chili, Argentine, Equateur, Pérou, îles Falkand)), ses feuilles vert clair et brillantes, font entre 6 à 7 cm de largeur.
- gunnera prorepens :
(photos 12 à 18). Originaire de Nouvelle-Zélande, cette espèce a des feuilles d’un vert kaki, parfois mélangé de brun, de forme ovoïde, atteignant
3,5 cm de long par 2,5 cm de large. Les faces externe et interne des feuilles sont de même couleur. Les bords des feuilles sont dentelés, mais de manière plus grossière et moins régulière que celles de G. hamiltonii.
Espèce moyenne :
- Gunnera perpensa :
(photos 19 à 29). Originaire d’Afrique du sud. Ses feuilles, vertes, atteignent 30cm de large. Croissance et développement rapides.
Un plant mis en terre en 2017 a passé l’hiver sans trop de problème,
c'est-à-dire quelques feuilles restant vertes bien qu’abimées.
J’ai relevé dans mon tunnel une température de -6°C, mais à l’extérieur plusieurs jours de vent très fort ont du faire chuter cette température, en ‘ressenti’. La vision de cordylines anciennes dans ma région, mais qui ont gelées lors de cet hiver, en dit long sur ce froid inhabituel. En tout cas ce gunnera perpensa est reparti en mars / avril, et très vigoureusement. Ses feuilles sont bordées de minuscules dents de couleur rouge.
Espèces géantes : Ayant trouvé toutes mes espèces de Gunnera récemment, aucune espèce géante n’est adulte, cependant des observations peuvent déjà être effectuées.
Gunnera kilipiana : (photos 30 à 36).
– voir aussi photo 1- Originaire du Guatemala. Surprenantes teintes des feuilles et des pétioles. Les
nouvelles feuilles sont rouges lie de vin, une merveille. Elles s’étalent en prenant des couleurs vert teinté de ce même rouge, alors que les nervures des feuilles et les pétioles conservent cette teinte rouge lie de vin. Le plant étant très jeune, il a passé l’hiver en véranda non chauffée, mais hors gel. Il devient de plus en plus beau ce printemps. Rusticité à tester. Mise en pleine terre prévue au printemps 2019 ou 2020. Les feuilles atteindraient 2 m de largeur. J’ai pu séparé un très jeune plant du pied mère, première opération à effectuer afin de doubler les chances de conservation de l’espèce. Il semble que plus les feuilles vieillissent et plus elles se colorent de rouge.
Gunnera manicata :
(photos 37 à 39).Originaire du Brésil. Ses feuilles peuvent attendre 2 m de largeur, voir plus. Elles sont vert plutôt clair, aplaties et plus majestueuses que celles du G. tinctoria. J’ai mis mon plant en terre au printemps 2018, l’avenir étant assuré avec la séparation de rejets.
Gunnera masafuerae :
(photos 40 à 43). Originaire des îles Juan Fernandez au large du Chili. Une feuille aurait été mesurée à 2,90 m de largeur. Parmi toutes les espèces de Gunnera ce serait celle ayant la tige la plus épaisse. J’ai mis mon plant en pleine terre au printemps 2018. Durant l’hiver 2017/2018 il a été maintenu sous tunnel, en compagnie des autres espèces de Gunneras géants. Pas plus souffert que les autres à -6°C. Mais un rongeur a creusé dans son pot un superbe tunnel bien rond, et j’ai trouvé des bouts de racine en surface, sans pouvoir établir si ce rongeur s’est attaqué aux racines pour les manger ou bien pour se frayer un chemin. Le plant est reparti au printemps, avec des feuilles tronquées et poussant déformées, alors qu’un rejet dans le même pot poussait normalement. A part cette étrange réaction il semble vigoureux. Je compte le protéger particulièrement l’hiver prochain. J’ai pu prélevé 2 rejets jusqu’ici.
- Gunnera tinctoria :
(photos 44 à 50). Originaire du Chili et de l’Argentine. Devant les nombreuses
conversations vues sur les sites internet concernant les différences entre G.
tinctoria et G. manicata, et ayant été moi-même confronté à cette question, j’ai maintenant les 2 espèces, ce qui permet de voir de suite les différences les plus flagrantes. Chaque nouvelle feuille de G. tinctoria , du moins sur mon plant, possède des nervures d’un rouge très marqué, ce rouge s’estompant lors de la croissance de la feuille. Cette dernière, même à son terme de croissance, est très creuse, et c’est sans doute là la différence la plus flagrante, contrairement à celle de G. manicata qui est aplatie. Les nervures des feuilles de mon G. manicata sont vertes. Attention aux noms de ces gunneras, vendus dans les jardineries ou même chez les pépiniéristes, l’erreur la plus comune étant G. tinctoria vendu sous le nom de G. manicata. Je n’ai pas vu l’inverse mais cela doit se produire également. Pour conclure le vrai G. manicata semble plus difficile à trouver. Mon G. tinctoria se développe beaucoup plus vite, produisant de nombreux petits rejets, contrairement à mon G. manicata, qui émet des rejets mais en moins grand nombre.
Je l’ai mis en pleine terre ce printemps 2018, et compte protéger la souche l’hiver prochain (en le recouvrant par ses feuilles coupées au premier signe de froid, mais également en rajoutant d’autres moyen, voile ou paille).
Ses feuilles pourraient atteindre 1 m de large.
La question qui peut se poser : toutes les nouvelles feuilles de G. tinctoria ont-elles des nervures rouges, ou bien certains plants, selon la provenance géographique dans leur pays d’origine, n’ont pas ces nervures rouges ?
Avec cette dernière espèce prend fin le descriptif de ma collection de Gunneras. Afin d’agrandir cette collection je recherche d’autres espèces, en particulier Gunnera insignis que l’on commence à trouver en France mais à des prix restant élevés. Je suis favorable à des échanges de jeunes plants pour toute espèce ne figurant pas dans ma collection.
En espérant que ces descriptifs et photos seront appréciés, je souhaite de bonnes cultures à tous les passionnés de cette famille.