4 - LE JARDIN DE BAMBOUS DU MONT FUJI
4 LE JARDIN DE BAMBOUS DU MONT FUJI
Bambous tropicaux et sub-tropicaux
Robert Kernin – juillet 2008
Note : à l’adCet article fait partie du blog ‘Bambous passion’, que vous pouvez retrouver à l'adresse : http://www.pseudosasa.canalblog.com/
PROLOGUE :
J’ai choisi comme thème principal pour cet article les bambous tropicaux, présents dans ce jardin dans un espace abrité des vents. Ces bambous se présentent sous la forme de quelques chaumes chacun. Je n’ai pas eu le temps de me renseigner sur la façon dont ils hibernent, ainsi que des températures auxquelles ils doivent faire face.
J’ai rajouté quelques observations sur des espèces sub-tropicales rencontrées au fil de la visite. Je cite les bambous en reprenant les mêmes noms et ponctuations que ceux indiqués sur les plaques.
Cependant, quand j’en ai possibilité, j’indique, à suivre et entre-parenthèses, les noms correspondants indiqués dans l’index synonymique de J.P.Demoly (édition 1996).
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Lors d’un voyage au Japon en juillet 2008 (photo 1), je me trouvai à proximité du « Fuji Bamboo Garden », et j’entrainai quelques amis à ma suite pour en effectuer la visite.
Devant faire face à d’autres obligations prioritaires, le temps nous était compté, ce qui est une chose terrible pour un passionné, mais je dus m’adapter !
A l’arrivée,( photos 2 et 3) je m’attendais à un jardin un peu paysager, de manière à ce que mes compagnons puissent au moins admirer quelques jolies fleurs pendant que je « disséquais » les chaumes, mais là grosse déception (relative !), il y avait des bambous, des bambous , et ici et là , encore des bambous, bien rangés , bien organisés, avec de superbes étiquettes, bref de quoi repousser les amateurs de poésie et d’harmonie que nous sommes un peu tous, mais, égoistement, le paradis pour mon côté « collectionneur-observateur ».
En déambulant au long des allées, et après quelques photos prises sur une sorte de tour-mirador, permettant d’apercevoir très loin dans la brume le mont Fuji (photo 4) des meutes de moustiques commencent à s’en mêler, jusqu’à mettre en fuite certain(es) d’entre nous. Par chance ces fragiles mais redoutables insectes ne me dérangent que moyennement, et je peux donc continuer à avancer. La chaleur , en ce mois de juillet , est torride.
Dès les premiers pas une touffe de Bambusa textilis s’impose, aux chaumes de diamètre modeste , de couleur vert /jaune, et d’une belle hauteur ( photo 5). Je note avec bonheur la présence d’une plaque de bonne taille, de bonne qualité et donc très lisible, nommant l’espèce avec ses principales caractéristiques . Ces plaques sont présentes devant chaque espèce du jardin.Vient ensuite un carré de Bambusa glaucescens f.alphonso-karii ( B.multiplex cv.Alphonse Karr) ( photos 6 et 7), espèce que l’on rencontre maintenant assez facilement en france, souvent dans de belles potées, et même plantée dans le sud du pays. Ses chaumes sont d’un jaune /orangé, strié de rayures vertes irrégulièrement surtout en partie basse, et son feuillage composé de petites feuilles.
Je me trouve bientôt devant un superbe Phyllostachys, jaune, aux gros chaumes.Il s’agit de P.heterocycla f.holochrysa (photo 8), je ne crois pas que l’on puisse le trouver en culture actuellement en europe, ou il prendrait sans doute le nom de P. édulis cv.holochrysa. Mais un peu plus loin m’attend le fabuleux Phyllostachys heterocycla cv. Tao kiang ( P.edulis cv .nabeshimana) , avec enroulé autour de ses chaumes verts striés de jaune, ou inversement selon le chaume, une sorte de ruban tressé en bambous,du plus bel effet décoratif ( photo 9,10 et 11). Sur la droite de la photo 9 apparaissent quelques chaumes du cultivar « bicolor ».
Puis apparait une espèce peu commune, qui me fera parcourir ma bibliographie, un Bambusa glaucescens f. kimmei-suow ( photos 12,13 et 14), dont je finis par trouver la trace sous le nom de B.multiplex ‘ Kimmei-Suhou’dans le gros livre de D.Ohrnberger. La différence avec le cultivar Aphonse Karr n’est pas évidente, je n’ai pas pris le temps sur place de comparer les deux, et le peu de photos prises est insuffisante.Peut-être un peu plus de lignes vertes dans le jaune du chaume chez le Kimmei-Suhou, mais sans certitude. Espèce à revoir, peut-être déjà dans certaines collections en france ?
J’aborde ensuite l’espace des espèces tropicales, petite allée sinueuse menant mes pas entre des espèces inconnues pour moi, autant de trésors à découvrir.
Le Gigantochloa atroviolacea sera le premier (photo 15). Un turion marron clair, aux limbes de gaines de chaume marron-foncé, un peu brillantes et avec quelques reflets violet.
Les chaumes ont aussi cette couleur marron – violacée. Il est originaire d’indonésie et a été introduit en inde, en thailande, et en australie. A quelques mètres un bambou que je vois enfin « pour de vrai » Schizostachyum brachycladum v.auriculatum (photos 16 et 17).La différence entre l’espèce type et cette variété semble être la présence d’oreillettes sur la ligule de gaine de chaume, mais leur existence est tout de même notée, bien que « petites » sur l’espèce type. La variétée auriculatum serait originaire de Singapour, mais il est plus que probable que la provenance ultérieure soit d’indonésie, comme le type. Il peut être vert, ou jaune, ou jaune strié de vert et inversement.
Je découvre le bambou suivant sous le nom de Bambusa vulgaris cv. Shibo-Butto (photo 18). De retour à la maison, j’étale une bonne partie de ma bibliothèque au sol pour essayer de trouver un début de piste, sans succès. Je pense que ce bambou est B.vulgaris cv.wamin, sans certitude. Il possède des chaumes aux entre-noeuds renflés, et en arrière plan de la photo, sur la droite, on peut voir un exemplaire de forme un peu plus « adulte ». Shibo-Buto, en japonais, peut se traduire de plusieurs façons, mais, après en avoir retourné le sens dans diverses interprétations, celle du « pli du coude du grand Boudha « est un bon compromis, et , en observant le renflement obtenu en pliant le coude, l’image de ce bambou est asez bien rendue !
Nous restons dans les bambous aux noeuds renflés, avec Bambusa ventricosa f. Kimmei (B.ventricosa cv.kimmei)( photo 19), le fameux « ventre de Boudha ». Cette espèce est un peu plus facile à observer en métropole, un bel exemplaire se trouve en bretagne, en pot, devant être placé à l’abri en hiver.
Un autre bambou, Bambusa dolichoclada cv.stripe ( photos 20 et 21) est lui originaire de Taïwan. Ses gaines de chaume sont vertes rayéees de jaunes, les nouveaux chaumes jaune pâle striés de vert, puis le jaune devient plus prononcé avec l’age.
Puis j’aperçois une autre espèce superbe, aux chaumes de la même teinte que le précédent, mais où les rayures vertes sont plus nombreuses. Les branches de cette espèce sont garnies de courtes épines redoutables, par trio au niveau de chaque noeud de branche. Il s’agit de Bambusa sténostachya cv.wei-fang Lin, plus connu sous le nom de B.bluméana cv. wei-fang Lin (photos 22, 23 et 24), originaire de Taïwan. L’espèce type, elle, est originaire d’Indonésie, et largement répandue dans de nombreux pays asiatiques.
Le bambou suivant est Dendrocalamus minor var.amoenus (photo25), qui présente ici un chaume vert aux fines rayures crèmes. Ce bambou est plutôt décrit pour avoir des chaumes jaunes pâle avec des rayures vertes, peut-être s’agit-il d’une mutation comme on en voit fréquemment dans ces couleurs de chaume. Cette espèce est originaire de chine.
Avec l’espèce suivante je quitte la famille des gros bambous tropicaux, puisque j’aperçois un superbe Otatéa acuminata f.aztecorum (photos 26 et 27), espèce originaire du mexique, que l’on peut cultiver en extérieur dans certains coins de notre sud (à marseille par exemple).
Et pour rester sur le continent américain, un bambou de petite taille mais assez étendu, aux feuilles fines et légères, lui succède. Il s’agit de Chusquéa coronalis, qui est ici de toute beautée (photo 28).
Je quitte l’espace abrité , et passe devant une structure en lamelles de bambous (photo 29), puis un peu plus loin devant une belle touffe de Sinobambusa tootsik f.albostriata (S.tootsik cv.albostriata)(photos 30 et 31), aux chaumes très droits , feuillage panaché et branches très courtes.
Les rescapés des moustiques se sont réfugiés dans les salles où sont exposés toutes sortes d’objets confectionnés en bambous, en particulier un angklungs, instrument de musique à percussion, et sur lequel mon fils arrivera à nous jouer un morceau aux sonorités très particulières ...et belles ! (photo 32).
Je concluerai cette visite dans ce jardin légendaire par la magnifique plantation composée de Phyllostachys edulis et ses cultivars (photo 33).
Bonus : quelques autres espèces remarquables rencontrées au fil des allées, Tetragonocalamus quadrangularis f.Tatejima = Chimonobambusa quadrangularis cv.Suow,photo 34).
Phyllostachys heterocycla f.subconvexa = Phyllostachys edulis cv.heterocycla, très connu sous le nom de ‘Kikko’(photos 35, 36 et 37).
Phyllostachys heterocycla f.bicolor = Phyllostachys edulis cv.bicolor (photo 38).
Phyllostachys aureosulcata f.Tateshima (photo 39). Je n’ai pas trouvé de synonyme pour ce bambou, peut-être le cv.Harbin serait approchant, sans certitude.
Bibliographie :
- Bambous en France ( index synonymique) 1996 – Jean-Pierre Demoly
- The bamboos of the world – Dieter Ohrnberger
- Bamboos of the Chitou Forest Recreation Area – The experimental Forest, Collège of
Agriculture, National Taïwan University
- Bamboo World – Victor Cusack
- The horticultural bamboo species in japan – Hata Okamura et Yukio Tanaka
- A compendium of Chinese bamboo – China Forestry Publishing House
- The bamboos of Sabah – Soejatmi Dransfield
Photographies : Rékia et Robert Kernin