27 - Bambusa multiplex - espèces introduites en Nouvelle-Calédonie
27 - Bambusa_multiplex
Synonyme : Bambusa glaucescens
Robert Kernin, le 05 Mai 2016
Bambou cespiteux tropical, mais supportant brièvement des températures négatives de - 12°C.
Originaire de Chine, probablement du Sud, l’espèce a été largement distribuée et cultivée dans de nombreux pays tropicaux et subtropicaux. Sa taille peut atteindre 10 m pour un diamètre de chaume de 4 cm. Dans le sud de la France elle peut atteindre 3 à 4 m de hauteur, en pleine terre, dans les endroits les plus doux et les mieux protégés. Sans doute plus encore dans la région de Menton. En Bretagne elle peut également rester en extérieur dans les endroits bien protégés des vents, par exemple en sous bois, mais à condition de recevoir un ensoleillement suffisant, et de préférence non loin de la mer afin de ne pas subir une durée de froid trop longue. Sa taille dans ces conditions et ce climat restera toutefois plus modeste. Maintenue en pot, c’est l’espèce idéale pour les vérandas, où les grands patios. Sa taille sera alors déterminée par celle du pot et les soins que l’on apportera..
L’espèce est présente et assez commune dans le Sud de la Nouvelle-Calédonie (photos 1 et 2),
dans les jardins et grandes propriétés, où elle avoisine la taille maximale donnée à l’espèce, un chaume de 9.80m et de 3cm de diamètre ayant été mesuré. La présence de cette espèce dans la partie Nord de la N.C reste à constater, mais il y a de fortes chances qu’elle y soit implantée. En province Sud, à la sortie de Bouloupari (en venant de Nouméa), si, au lieu de poursuivre la route territoriale en prenant le grand virage à gauche on poursuit tout droit, on se retrouve sur une route assez large avec des maisons sur les 2 côtés. Sur la droite, dans un jardin en arrière plan, on aperçoit une touffe de bambou de taille modeste aux chaumes jaunes, qui pourrait être un cultivar de Bambusa multiplex. Avis aux habitants de cette ville, je suis preneur de toute info et photo.
La couleur des chaumes est verte (photo 3),
avec une légère brillance, et ils ont tendance à devenir vert jaunâtre s’ils sont exposés au soleil (photo 4).
Les nouveaux chaumes sont recouverts de pruine, leur donnant une teinte bleutée (photo 5),
et sont porteurs de poils, plus denses et brun sombre dans le haut de l’entre-nœud (photo 6),
très diffus et blancs sinon (photo 7).
Un espace glabre est toutefois présent juste sous le nœud (photo 8).
Ces chaumes, au toucher, sont lisses quand on remonte les doigts le long de l’entre-nœud, mais une sensation de papier de verre, non dense, est perçue si on descend les doigts le long de l’entre-nœud. Certains chaumes du pourtour de la touffe se courbent en arc de cercle, pouvant parfois atteindre le sol, alors que ceux du centre sont dressés. Les entre-nœuds sont sinueux, légèrement en forme de ‘S’, certains pouvant être en zigzag (photo 9).
Ils ne sont pas striés et le sillon internodal est absent. Leur longueur va de 10 à 55 cm, avec beaucoup autour des 40 cm. Dès le 2e entre-nœud, la longueur atteint 30 cm et plus. Leur paroi est épaisse, comme le montrent ces 3 photos prises au 2e, 5e et 10e entre-nœud (photos 10, 11 et 12).
Les gaines de chaume sont plus courtes que l’entre-nœud (photo 13),
longues de 1/3 (partie inférieure du chaume) à 2/3 (partie médiane et supérieure du chaume). Elles sont vert clair lorsqu’elles sont fraiches (photo 14).
A mi-chaume la languette de gaine devient de plus en plus longue, et atteint parfois le nœud supérieur (photo 15).
Elles sont caduques, parsemées de taches brunes diffuses, ainsi que de taches rouge clair diffuses surtout sur les côtés, et ceci sur les 2 faces (photo 16).
Les épaules de la gaine sont asymétriques (photo 17).
Présence de pruine sur les gaines fraiches. Les oreillettes de gaines, petites, ciliées, sont rares mais présentes parfois, surtout visibles sur les gaines des turions. (photos 18 et 19).
La languette est dressée le long du chaume, et ses 2 faces portent des poils bruns, parfois rares où parfois assez nombreux (photos 20,21 et 22),
plus denses sur la face dorsale, alors que la gaine elle-même en est exempte. Les bords de cette languette, en partie basse, sont frangés de courts cils blancs (photo 23).
En partie haute du chaume, elle est parfois aussi longue que la gaine (photo 24).
La largeur de sa base est parfois aussi large que l’apex de la gaine, ses côtés prenant place sur la même ligne et dans le prolongement des côtés de la gaine (photo 25).
La ligule est convexe, de 1 à 2 mm de hauteur. La cicatrice de gaine est glabre, non proéminente, au même niveau que le nœud lui-même qui n’est pas non plus proéminent.
Les branches, dressées en moyenne à environ 45°, se composent d’une centrale dominante, encadrée de deux secondaires moins fortes, puis d’autres assez nombreuses, le nombre de 12 ayant été comptabilisé mais en notant également plusieurs cicatrices d’autres branches déjà tombées (photos 26, 27, 28 et 29)
. Elles naissent assez proches de la base du chaume, au 1/7 environ, et leur longueur va de 0.90 à 2.70 m.
Les feuilles de l’espèce type sont au nombre de 5 à 9 par ramule, le nombre de 8 revenant le plus régulièrement (photos 30 et 31).
Elles ne sont pas tessellées. Leur taille va de 5.5 cm à 20 cm de long pour 0.8 cm à 1.9 cm de large. La face externe est vert moyen (ni trop clair ni trop foncé) et la face interne est fortement bleuté, d’où le nom (synonymique) ‘glaucescens’ de l’espèce (photo 32).
Les nervures secondaires sont, sur les grandes feuilles, au nombre de 7 paires (photo 33),
certaines très peu visibles et en moins grand nombre sur les petites feuilles. La photo 33 permet de voir 7 nervures en partie gauche, par contre juste en face, en partie droite, seulement 6 nervures apparaissent, la 7e naissant plus bas sur la feuille. Ces feuilles sont lisses face externe, et très discrètement duveteuses face interne, la loupe binoculaire révélant quelques poils très éparses. Le pétiole fait environ 1 mm de long. Présence de crochets sur les 2 côtés de la feuille, que l’on peut sentir sous les doigts. Ils sont plus forts et denses d’un côté, assez espacés et bien moins accrocheurs de l’autre.
Les gaines foliaires sont ornées de longs cils blancs à leur apex (photo 34).
Les turions sont de couleur gris bleu à vert clair. Leur base est souvent très large, et forme parfois un coude au niveau du sol. Le bouquet final est dressé, ainsi que les languettes des gaines (photos 35 à 47).
Il existe de très nombreux cultivars de ce bambou, certains particuliers par leur feuillage original comme le petit B.multiplex gr.Elegans,
présent dans quelques jardins de Nouvelle-Calédonie également (plus connu sous le nom synonymique de B.multiplex ‘Fernleaf’), aux feuilles minuscules (1.2 cm à 3 cm de long pour 0.4 cm à 0.5 cm de large)ressemblant à celles de certaines fougères et aux chaumes pleins,
d’un diamètre entre 0.4 et 0.8 cm, d’une hauteur autour de 1 m, pouvant parfois atteindre 1.80 m (photos 48 à 63).
Autres cultivars remarquables, B.multiplex ‘Alphonse Karr’,
aux chaumes jaune orange, les nouveaux prenant des teintes roses au soleil, avec des stries vertes (photos 64 à 71),
et le plus rare B.multiplex ‘Albovariegata’
aux chaumes verts ornées de quelques stries blanches, aux feuilles vertes striées de blanc ou de crème, et surtout aux magnifiques gaines de chaume blanc crème avec des stries vertes ou brun foncé à clair (photos 72 à 81).
Un cultivar ressemblant fortement à ‘Alphonse Karr’, avec peut-être des stries vertes plus nombreuses sur les entre-nœuds des chaumes, est nommé ‘Kimmei Suow’ au jardin du mont Fuji au Japon (photo 82)
et un autre, non identifié formellement jusqu’à présent mais qui pourrait être B multiplex ‘Midori’ est présent au jardin ‘Bambous en Provence’ en France (photos 83, 84 et 85).
Bibliographie :
Ohrnberger, D., 1999. The Bamboos of the World
Photos :
Robert Kernin