23 - GRESLANIA RIVULARIS - Les bambous endémiques de Nouvelle-Calédonie
Les Bambous endémiques de Nouvelle-Calédonie
Greslania rivularis
Robert Kernin, le 02 avril 2015
Cet article fait partie du blog 'Bambous passion' que vous pouvez retrouver à l'adresse suivante: http://www.pseudosasa.canalblog.com
Clé d’identification des espèces du genre Greslania Balansa, en l’absence d’inflorescence
1- Présence d’une branche par nœud à partir de la moitié ou du dernier tiers du chaume
........................................................................................................G.rivularis
1- Absence de branches
2 – Face dorsale des gaines foliaires glabre
La base des feuilles n’embrasse pas le chaume ..............................G.circinata
2 – Présence de poils blancs sur la face dorsale des gaines foliaires
La base des feuilles, particulièrement dans le haut du chaume, embrasse ce
dernier .....................................................................................G.montana
Greslania rivularis (photo 1)
est l’une des trois espèces du genre, endémique à la Nouvelle-Calédonie.
Mes observations, portent sur des plants situés dans le sud, soit côte Ouest au sud de Nouméa, soit côte Est, en bordure de la rivière Ngoï ou dans les montagnes la surplombant, à une altitude autour des 300m. Chacun des quatre endroits d’observations se situe dans un biotope différent (aride et sec altitude zéro, en bordure de grande rivière altitude zéro, en bordure de creek altitude 60m, en montagne bordure de ruisseau altitude 300m).
A deux reprises je suis tombé sur des plants, situés à des endroits totalement différents et éloignés l’un de l’autre, dont quelques chaumes présentaient des entrenœuds nettement bicolores.
Dans cet article je récapitule, en première partie, chacune des 4 observations effectuées, comportant les relevés latitude et longitude des plants. On peut se rendre compte que selon la saison, selon le lieu, et selon la taille des plants observés, les informations diffèrent sur certains points, comme par exemple le fait de noter que les entrenœuds sont lisses sur le premier plant observé, alors que sur des chaumes récents rencontrés plus tard sur d’autres plants, on s’aperçoit qu’ils sont rugueux, ou bien le fait que sur certains plants les feuilles soient lisses, et pas sur d’autres.
En deuxième partie, j’ai fais une synthèse de tous les renseignements collectés dans ces quatre observations.
Première observation :
Le 25/09/2014, le long de la route joignant la petite ville de Plum au pont de la madeleine (même route passant devant les Chutes de la Madeleine), à 1h00 environ de Plum, (direction générale : Plum/Yaté).
Situation précise des exemplaires observés : Latitude 22°15’20’’Sud ---Longitude 166°50’06’’Est (photo 2)
En repère, à cette date, dans une ligne droite on peut apercevoir 2 cuves en béton sur la gauche. Les pieds se situent des 2 côtés de la route.
L’espèce devient fréquente à partir du pont de la Madeleine et en poursuivant vers Yaté où il occupe parfois des versants de petites montagnes. Quelques touffes se trouvent autour du pont également.(photo 3)
Pas de turion à cette date, quelques chaumes semblant récents, portant de la pruine (photo 4)
, mais pas assez récents pour pouvoir observer les gaines fraîches.
Chaumes :
Je relève une hauteur de chaume à 3.10m pour un diamètre au cinquième entrenœud (le plus fort) de 15mm. La hauteur moyenne de la touffe, d’aspect érigé, est autour de 2.40m.
Une légère pruine subsiste sur des chaumes semblant relativement récents, et les entrenœuds s’avèrent creux dès la base, avec une paroi épaisse.
Epaisseur de la paroi :
au 2e entrenoeud 4 à 6mm pour un diamètre de14mm
au 5e entrenoeud 3 à 4mm pour un diamètre de 14.5mm
au 10e entrenoeud 2mm pour un diamètre de 13mm
Entrenœuds: (photo 5)
Sur un chaume de 3.10m de longueur : 3e entrenœud = 21.5cm // 5e =25.2cm // 10e = 18cm
Longueur maxi relevée sur le plant = 25.2cm. La longueur des entrenœuds semble en relation avec le diamètre, plus ce dernier est fort et plus l’entrenœud est long, ce qui n’est pas la règle de toutes les espèces de bambous.
Pas de stries proéminentes
Absence de sillon inter-nodal
Coloration :
Anciens chaumes jaune-verdâtre (photo 6)
, allant souvent vers un jaune plus prononcé et parfois jusqu’à un jaune d’or (photo 7).
Certains chaumes virent partiellement au noir (photo 8)
puis au blanc gris. Toutefois, le noir n’occupe pas en général la totalité de l’entrenœud, une partie restant jaune délavé ou jaune.
Cette coloration noire ainsi que sa disposition sur les entrenœuds, du plus bel effet (photo 9),
me rappelle celle que j’ai vu un jour sur un phyllostachys vivax cv.Aureocolis, en Hollande, qui avait souffert des grands froids hivernaux, ne conservant qu’en partie sa magnifique couleur jaune. Peut-être cette espèce est-elle sensible aux températures atteintes ici à la saison fraîche, qui, bien que restant positives, peuvent exceptionnellement avoisiner les +8°C à cette basse altitude. Mais ce n’est qu’une hypothèse. Ils sont plus ou moins brillants, selon leur âge.
Les chaumes semblant relativement récents sont recouverts d’une fine pruine là où la gaine ne les recouvre pas (voir autres observations car il y a également de la pruine sous la gaine), leur donnant une couleur mat gris bleu. Quand ils commencent à perdre leur pruine ils sont vert délavé (photo 10).
Leur aspect est alors lisse au toucher.
Gaines de chaume :
Observations faites sur des gaines âgées
Longues des 2/3 de l’entrenœud à la base du chaume, puis s’allongeant, certaines dépassant légèrement le nœud supérieur (photo 11)
Les gaines âgées sont d’une couleur gris crème (photo 12)
, ponctuées face externe de très nombreux petits points noirs, plus rares ou absent sur les bords de la gaine (photo 13)
. Face interne la gaine est ponctuée de taches noires diffuses (photo 14).
Lisses au toucher sur les deux faces. Persistantes, mais sur les chaumes âgés il ne reste souvent que la partie inférieure de la gaine, ou bien elle a entièrement disparue. Cassantes ou se désagrégeant si on essaie de les détacher du chaume.
Ligule : concave, frangée, quelques cils plus longs sont visibles sur les côtés (photo 15 et 16)
Languette : fine, retombante, sinueuse, environ 4 fois moins longue que la gaine, sur l’unique exemplaire de languette trouvée à cette époque -25/09/2014- (photos 17, 18 et 19)
Branches :
Longueur : 45cm, 68cm, 85cm (la plus longue mesurée sur le plus grand pied)
Naissance à la moitié ou aux 2/3 du chaume
Dressées, à un angle supérieur à 45° (50, 60 °), aux extrémités non retombantes.
Particularités du développement des branches :
Une seule branche par nœud (photo 20),
puis sur celle-ci se développent des branches secondaires, au nombre de 4, 6, et 7 (maxi observé)
La base de l’unique branche principale se développe en formant une succession d’entrenœuds très rapprochés, et plus longs du coté extérieur vu la forme de la branche, rappelant la carapace du corps d’une écrevisse ou de homard (photo 21).
Sur l’un de ces entrenœuds de la base peut naitre une autre branche, la première des branches secondaires. Les gaines étant persistantes, on peut croire que cette branche nait directement à partir du bourgeon du chaume, à moins d’ôter ces gaines pour effectuer une observation plus précise (photo 22).
Sur cette photo n°22, on peut voir la naissance de 2 branches secondaires sur la branche principale. La première de ces 2 branches secondaires nait sur le deuxième entrenœud, très compressé, de la branche principale.
Puis toujours le long cette branche principale unique peuvent se développer ensuite jusqu’à 6 autres branches secondaires.
Sur ces branches secondaires peut se développer une génération de branches tertiaires (maximum de générations observé) (photo 23).
Schéma de la photo 23 :
n°0 = le chaume
n°1 = branche principale, la seule prenant naissance sur le bourgeon du nœud du chaume.
n°2 = branches secondaires naissant tout au long de la branche principale, elles peuvent être au nombre de 7.
n°3 = branches tertiaires naissant sur les secondaires.
Le résultat final donne de très nombreux rameaux dans la partie supérieure du chaume, s’enchevêtrant les uns dans les autres (photo 24).
Le bourgeon du nœud, donnant naissance à la branche, est de forme allongé (photo 25)
Feuilles :
Longueur maxi relevée : 24cm pour une largeur de 35mm
Quelques autres mesures : 23cm pour 35mm // 16cm pour 30mm // 15.5cm pour 14mm // 14cm pour 16mm // 14cm pour 11mm // 9cm pour 9mm
Absence de tessellations (attention, voir autres plants observés), en moyenne 7 nervures secondaires de chaque côté de la principale (attention, voir autres plants observés) (photo 26)
Longueur du pétiole : 3 à 5mm
Nombre de feuilles par ramule : de 5 à 12 (5/6/9/10/12 observées) (photo 27)
vent Rugueuses face externe, duveteuses face interne
Légèrement brillantes face externe, mates face interne
Présence de poils blancs sur les deux faces.
Au toucher, présence de petits crochets sur tout le pourtour, moins crochus vers la base de la feuille
Gaine foliaire : superbe coloration jaune d’or, parfois ponctuée de taches noires en partie supérieure (photo 28).
Présence de longs cils blancs à l’apex, parfois torsadés, et aux extrémités souvent enchevêtrés (photo 29).
Caractéristiques très particulières des feuilles :
Semblent épaisses et caoutchouteuses au toucher. Bien qu’affichant un port plutôt raide, on peut les plier sans les abimer, reprenant leur forme quand on les relâche.
Très visibles, surtout face interne, certaines feuilles présentent, en partie supérieure, des sortes de gondolements transversaux (photo 30).
Sur les plants observés, leur maintient dans l’espace est principalement horizontal (après observations d’autres plants ailleurs, cette disposition horizontale des feuilles semble liée aux conditions ventés du lieu, et fige le feuillage même quand le vent ne souffle pas), offrant une disposition particulière, comme si un vent fort soufflait, les orientant toutes dans la même direction (photo 31)
. Parfois cependant on en voit orientées vers le haut, plus rarement vers le bas.
Turions :
Absence de turions à cette époque.
Deuxième observation :
Les 31 octobre et 14 novembre 2014.
A 20 km environ au sud de Nouméa, le long de la rivière La Coulée, sur le chemin de la Montagne des Sources. Laisser la voiture dans un bosquet de pins traversé par le chemin et remonter un creek sur la gauche, juste avant le bosquet, durant 45mn. Ce creek se dirige vers la Forêt de la Superbe, en direction du Pic Buse (photo 32).
Situation précise de l’exemplaire:
Latitude 22°10’07’’Sud ---Longitude 166°35’55’’Est (photo 33)
Altitude : 60m
Lors d’une randonnée dans laquelle deux amies m’accompagnaient, ainsi que notre mascotte Malo, et où nous avons recherché et trouvé Greslania circinata, nous avons décidés, pour la route du retour, de couper à travers les pentes afin d’atteindre un creek que nous apercevions dans la vallée, ce creel devant ensuite nous faire rejoindre le point où nous avions laissé la voiture. C’est en atteignant ce creek (photo 34)
et en le descendant que nous avons découvert ce plant exceptionnel de Greslania rivularis. Exceptionnel par son port, la grandeur de ses feuilles, et la coloration de ses chaumes.
CHAUMES:
Hauteur : 3.01m diamètre : 15.3mm.
Aspect de la touffe : érigé
Présence de pruine légère sur des chaumes semblant relativement récents (photo 35)
Entrenœuds des chaumes :
Ils sont creux dès la base
Longueurs relevées sur un chaume de 3.01m:
-1er entrenœud = 13.5cm // 2e =21 // 3e = 25.5 //4e=28.5 // 5e=27 // 6e=27 // 7e=25.5 // 8e=21 //9e=20 //
Longueur maxi relevée sur le plant = 28.5cm.
Pas de stries proéminentes
Absence de sillon internodal
Coloration :
Etonnamment, sur ce plant certains chaumes présentent des entrenœuds bicolores, ornés de bandes verticales de différents bruns allant jusqu’au brun rouge, mêlées de bandes vert jaunâtre ou jaune orangé. Je retrouverai cette coloration sur quelques chaumes d’un pied dans un tout autre endroit (photos 36, 37, 38, 39, 40, 41 et 42).
Aspect au toucher : les anciens sont lisses, les nouveaux rugueux, recouverts de poils blancs ou brun clair, denses et assez rigides (photo 43).
Sous la gaine, le chaume est recouvert d’une pilosité courte, abondante, blanche (photos 44 et 45).
GAINES DE CHAUME (photo 46)
Pour un entrenœud de 28.5cm, la gaine fait 13cm, dans la partie inférieure du chaume. Mais en partie supérieure des chaumes, la gaine dépasse le nœud supérieur. A partir du 10e entrenœud les gaines sont aussi longues, puis plus longues. Exemple : le 12e entrenœud mesure 12.5cm alors que sa gaine atteint 17cm, débordant donc sur l’entrenœud suivant (photo 47).
Sur la photo 47, on voit nettement la gaine de chaume qui a été écartée du chaume par la naissance de la branche, et s’est enroulée autour de cette dernière. Cette gaine est beaucoup plus longue que l’entrenœud.
Persistantes, il est pratiquement impossible d’en détacher une lorsqu’elles sont d’une taille importante, le haut se cassant, et la partie inférieure étant trop épaisse et trop solidement fixée au nœud.(photo 48)
Les côtés de l’apex de la gaine sont ciliés (photo 49).
La face dorsale est tachetée de minuscules points noirs.
Contrairement aux plants observés auparavant, certains de ces points noirs sont protubérants (photos 50 et 51).
Ces protubérances pourraient être causées par des insectes, puisqu’elles ressemblent à d’autres que j’ai trouvé sur les fruits d’une toute autre plante, un eucalyptus, mais ce n’est qu’une hypothèse.
Parfois des taches rouges recouvrent la partie dorsale de certaines gaines (photo 52).
J’ai retrouvé cette couleur rouge sur les faces externe et interne des gaines de chaumes d’autres genres de bambous (Bambusa) présentes en Nouvelle-Calédonie.
La ligule est concave (photo 53).
Pas de languette de gaine de chaume observée sur ce plant à cette époque.
Détail curieux, on peut remarquer des tessellations nettes sur la face dorsale de la gaine (photo 54).
BRANCHES
L’unique branche se développe en écartant le haut de la gaine qui reste en place (photo 55).
A mesure que la branche écarte la gaine, formant un angle d’environ 25 à 30 degrés, les côtés supérieures de cette dernière s’entourent autour de la branche, laissant juste dépasser le bout de la feuille émergeante, alors que la partie inférieure, épaisse et dure, reste encercler l’entrenœud du chaume (photo 56),
et on peut voir que tout les bords de la gaine adhèrent parfaitement soit à l’entrenœud (photo 57),
soit à la branche, laissant un très petit passage le long de l’entrenœud du chaume. La partie de la gaine restant soudée à l’entrenœud est même étanche, et retient de l’eau à sa base, eau de pluie ou d’humidité ambiante qui a réussit à s’infiltrer, comme on peut le constater lorsque l’on casse la partie supérieure de la gaine. (photos 58 et 59).
A un certain moment de la croissance, on peut voir à la fois le haut de la gaine de chaume venu entourer la branche, puis en dessous le haut d’une gaine de la branche émergeante, avec la feuille enroulée au centre (photo 60).
Les cils blancs portés par l’apex de la gaine de chaume, ainsi que ceux portés par l’apex de la gaine de la branche, sont tous visibles (photo 61).
FEUILLES
Je n’avais pas remarqué de tessellations sur les plants observés auparavant, mais sur les très grandes feuilles de celui-ci, des traces apparaissent, pouvant laisser penser à une ébauche de tessellations. La loupe binoculaire 2x10 ainsi que la macro photo ne me permettent pas d’aller plus loin dans l’observation (photo 62).
Parfois ces ébauches de tessellations ne rejoignent pas les nervures, faisant alors penser à des sortes de glandes indépendantes, mais l’interprétation reste pour moi obscure.
Outre les feuilles naissant sur les branches, celles situées directement à l’extrémité du chaume sont d’une taille supérieure aux autres (photo 63).
Longueur maxi relevée : 38cm (photo 64)
Largeur maxi : 9.4cm (photo 65)
Quelques tailles de feuilles : 36.5x9cm / 33x9.4 / 36.5x9.2 / 38x9 /
La base de la feuille, ainsi que la nervure centrale et la gaine foliaire sont parfois d’un jaune d’or remarquable (photo 66).
La nervure centrale est très proéminente face inférieure (photo 67).
Sur les plus grandes feuilles, j’ai relevé jusqu’à 13 nervures secondaires d’un côté et 12 de l’autre (photo 68)
Les 2 faces des feuilles de ce plant me semblent lisses au toucher, contrairement aux plants observés jusqu’ici.
Longueur du pétiole : 1cm maxi.
Nombre de feuilles par ramule : jusqu’à 13
Face supérieure vert clair, brillant
Face inférieure vert glauque, mat
Présence de petits crochets très discrets sur les côtés supérieures principalement, bien que certaines feuilles semblent en avoir sur tout le pourtour.
A noter que quelques longs cils blancs, enchevêtrés ou fripés, ornent parfois les côtés de la base de la feuille (photo 69).
Gaine foliaire :
Les gaines fraiches sont d’une superbe coloration jaune d’or, parfois recouverte de pruine sur la moitié ou les ¾ de sa face dorsale. Par la suite la pruine s’estompe. L’apex porte de longs cils blancs le plus souvent enchevêtrés (photos 70 et 71).
Le port général de ce plant est différent de celui observé sur les plants occupant une zone aride et ventée dans le sud. Ici les feuilles sont amples, pointant plutôt vers le haut mais sinon aussi bien vers les 4 points cardinaux, n’ayant pas à subir un vent constant les figeant toutes dans une même direction. Cette situation abritée influe certainement sur la grande taille des feuilles observées (photo 72),
les chaumes quand à eux n’étant pas plus hauts. Cet exemplaire, par son port, son feuillage et ses quelques chaumes bicolores, me semble une belle référence.
TURIONS
- aucun à cette époque
Troisième et quatrième observations :
Côte Est, venant de Thio, un plant sur la rive de la rivière Ngoï, avec des turions au 10/12/2014, puis une fois franchi la rivière, sur l’ancien chemin minier menant vers Nekando, nom local ancien qui était donné aux mines à 680m d’altitude, et le Pic Nejiri. Quelques plants de G.rivularis bordent le chemin vers les 300m d’altitude.
Plan en bordure de la Ngoï : (photo 73)
Un peu perdu dans la végétation en bordure du chemin, certains chaumes sont dépourvus de feuilles, certains plus ou moins couchés, peut-être suite à une floraison. Par contre présence d’un grand turion sur ce plant (photo 74)
, ainsi que de nouveaux chaumes (photo 75),
portant des gaines fraîches avec leur languette (photo 76).
On peut voir nettement la pruine sur les entrenœuds, là où la gaine ne les recouvre pas, donnant une belle couleur vert clair bleuté (photo 77).
Sur le chaume, les gaines de chaume se transforment, en partie supérieure en gaines foliaires, la languette devenant feuille. Ces gaines foliaires sont recouvertes, principalement en moitié inférieure, de pruine, leur donnant une couleur gris bleu, alors que la partie supérieure est sans pruine et vert clair jaunâtre (photo 78).
Gaines de chaume et gaines foliaires ne portent pas d’oreillettes, mais sont ornées de chaque côté de longs cils blancs à l’apex. Elles sont striées, plus nettement sur les côtés de leur partie supérieure, sans que ces stries soient très proéminentes, et on aperçoit des sortes de tessellations a ces endroits.
Les bordures des gaines de chaume, sur le 1/3 inférieur, sont ornées de longs cils blancs parfois enchevêtrés, irréguliers, et ne sont pas droites mais forment des circonvolutions légères, de manière irrégulière et de grandeurs changeantes (photos 79 et 80).
Présence de poils noirs très épars et plus nombreux en partie dorsale supérieure (photo 81).
Lorsque l’on tente de les ôter du chaume, elles se cassent, surtout en partie inférieure. Leur partie interne inférieure est rose et brillante alors que la partie interne supérieure est beige tachetée de plaques brunes (photo 82).
La languetteest fortement striée et est rattachée à la gaine par une base relativement étroite (photo 83),
puis elle s’élargit considérablement, en forme de goutte d’eau mais la partie supérieure devenant très mince et longue (photo 84).
Dès qu’elle commence à sécher, ses bords se récurvent sur sa face supérieure (photo 85).
A noter que les languettes des gaines de la base ne s’élargissent pas en goutte d’eau et restent étroites.
Elle avoisine l’horizontal puis devient retombante. Elle semble sécher rapidement, devient sinueuse puis se fripe et tombe assez vite. On peut constater cette évolution sur un même chaume, quand on a la chance que les languettes soient encore en place.
La ligule est concave et dépasse largement la base de la languette sur chaque bord (photo 86).
Plants sur le chemin du Pic Nejiri
D’une longueur de 4.10m pour 15.8mm de diamètre, c’est le plus grand de G.rivularis que j’ai rencontré, bien que des exemplaires atteignant les 5m aient déjà été signalés. Une partie de ses chaumes reste dressée tandis que de nombreux autres retombent vers le ruisseau qui tombe en petite cascade de 2m de haut environ et a creusé profondément son lit et une sorte de vasque à cet endroit (photo 87).
A quelques mètres, un autre plant, beaucoup moins haut et ne profitant pas du lit du ruisseau, présente quelques chaumes aux entrenœuds de la base bicolores (photo 88).
C’est le deuxième exemplaire que je rencontre avec cette particularité. Quelques turions sont visibles, dont certains émergeant de quelques centimètres (photo 89).
Sur cette photo 89, les turions n°1, 2 et 3 sont vivants, alors que le n°4 est mort. Un zoom sur le turion n°3 permet de mieux voir l’extrémité de la feuille enroulée dépassant de la gaine (photo 90)
. A ce stade, ils sont entièrement recouverts de gaines d’une couleur gris beige, laissant penser qu’il s’agit de turions morts. Après vérifications, les deux cas sont présents, et il y a peu de différences entre eux.
D’autres un peu plus grands sont couverts à l’identique, laissant juste dépasser une feuille enroulée en bouquet final (photos 91et 92).
Synthèse des observations :
Bambou cespiteux de taille petite à moyenne, Greslania rivularis est une espèce endémique de la Nouvelle-Calédonie.
Le genre comporte 3 espèces, et G.rivularis est le seul à développer des branches, à raison d’une seule par nœud. Des rameaux secondaires et tertiaires apparaissent ensuite, portés sur la branche principale et ses ramifications.
Les chaumes :
Le plus grand chaume que j’ai rencontré mesurait 4.10m de longueur pour 15.8mm de diamètre, mais des longueurs de plus de 5m ont été relevées.
Ils sont creux dès la base, et en exemple, au 2e entrenœud, l’épaisseur de la paroi atteint 4 à 6mm pour un diamètre de14mm, ce qui donne une paroi très épaisse.
Les entrenœuds atteignent, pour un chaume de 3.10m de longueur :
- 3e entrenœud = 21.5cm
- 5e ‘ =25.2cm
- 10e ‘ = 18cm
Le plus long entrenœud mesuré, sur un chaume de 4.10m, est de 28.5cm.
Absence de sillon inter nodal, et absence de stries proéminentes.
Leur couleur est variable, allant du jaune-verdâtre au jaune plus prononcé et parfois jusqu’au jaune d’or. Certains chaumes virent partiellement au noir puis au blanc gris. Toutefois, le noir n’occupe pas en général la totalité de l’entrenœud, une partie restant jaune délavé ou jaune. Cette coloration noire, du plus bel effet visuel, ainsi que sa disposition sur les entrenœuds, me rappelle celle que j’ai vue un jour sur un phyllostachys vivax cv.Aureocolis, en Hollande, chez Jos Van Der Palen. Ce pied, qui avait souffert des grands froids hivernaux, ne conservait qu’en partie sa magnifique couleur jaune et le froid avait teinté en noir une partie des entrenoeuds. Peut-être cette espèce est-elle sensible aux températures atteintes ici à la saison fraîche, qui, bien que restant positives, peuvent exceptionnellement avoisiner les +8°C à cette basse altitude. Mais ce n’est qu’une hypothèse.
Sur deux des plants que j’ai observés, j’ai trouvé des entrenœuds bicolores, bandes verticales de différents bruns allant jusqu’au brun rouge, mêlées de bandes vert jaunâtre ou jaune orangé.
L’aspect des chaumes anciens est parfois brillant, mais cela semble correspondre à une phase de leur vie et semble variable suivant le biotope, sec (brillants) ou humide (lichens et mousses les rendent parfois ternes). Les nouveaux sont parfois recouverts d’une pruine plus ou moins épaisse, visible là où la gaine ne les recouvre pas (il y a également de la pruine sous la gaine), leur donnant une teinte mate gris bleu. Toutefois, les turions, là où la gaine ne les recouvre pas, ne portent pas de pruine, et certains chaumes, semblant récents, non plus. Ce qui laisse supposer que la pruine est très éphémère, et ne recouvre les entrenœuds que sur un temps très court, à une certaine phase de la croissance. Le climat environnant pour chaque biotope est peut-être la cause de la pruine abondante ou légère, voire absente.
Les anciens sont lisses, mais les nouveaux rugueux, recouverts d’un duvet fin assez rigide, et sous la gaine, le chaume est recouvert d’une pilosité courte, abondante, blanche.
les gaines de chaume :
Pour un entrenœud de 28.5cm, dans la partie inférieure du chaume, la gaine fait 13cm, mais en partie supérieure des chaumes, la gaine dépasse le nœud supérieur. A partir du 10e entrenœud les gaines sont aussi longues, puis plus longues. Exemple : le 12e entrenœud mesure 12.5cm alors que sa gaine atteint 17cm, débordant donc sur l’entrenœud suivant.
Les gaines âgées sont d’une couleur gris crème, ponctuées face externe de très nombreux petits points noirs, plus rares ou absent sur les bords de la gaine. Sur certaines gaines de taille importante, ces points noirs se transforment en protubérances. Ces protubérances pourraient être causées par des insectes, puisqu’elles ressemblent à d’autres que j’ai trouvé sur les fruits d’une toute autre plante, un eucalyptus, mais ce n’est qu’une hypothèse.
Face interne la gaine est ponctuée de taches noires diffuses.
Les gaines de chaume récentes, se transforment plus haut en gaines foliaires, et sont recouvertes, principalement en moitié inférieure, de pruine, leur donnant une couleur gris bleu, alors que la partie supérieure est sans pruine et vert clair jaunâtre.
Les gaines de chaume, comme lea gaines foliaires, ne portent pas d’oreillettes, mais sont ornées de chaque côté de longs cils blancs à l’apex. Elles sont striées, plus nettement sur les côtés de leur partie supérieure et on aperçoit des tessellations à ces endroits.
Les gaines de chaume, sur le 1/3 inférieur, sont ornées sur leurs bords de longs cils blancs parfois enchevêtrés, irréguliers. Ces bords ne sont pas droits mais forment des circonvolutions légères, de manière irrégulière et de grandeurs changeantes.
Présence de poils noirs très épars, plus nombreux en partie dorsale supérieure.
Leur face interne inférieure est rose et brillante en parie basse, et beige taché de brun en partie haute.
Elles sont persistantes, mais sur les chaumes âgés il ne reste souvent que la partie inférieure de la gaine, ou bien elle a entièrement disparue. Elles s’avèrent cassantes ou se désagrégeant si on essaie de les détacher du chaume. Il est pratiquement impossible de détacher à la main une gaine fraiche d’une taille importante, la partie supérieure se casse, et la partie inférieure est trop épaisse, et trop solidement fixée au nœud.
La languette est fine, retombante, sinueuse, environ 4 fois moins longue que la gaine. Elle
est fortement striée et est rattachée à la gaine par une base relativement étroite, puis elle s’élargit considérablement, en forme de goutte d’eau mais la partie supérieure devenant très mince et longue. Dès qu’elle commence à sécher, ses bords se récurvent sur sa face supérieure. A noter que les languettes des gaines de la base ne s’élargissent pas en goutte d’eau et restent étroites.
Elle avoisine l’horizontal puis devient retombante. Elle semble sécher rapidement, devient sinueuse puis se fripe et tombe assez vite. On peut constater cette évolution en regardant les gaines sur un même chaume.
La ligule est concave, frangée, et dépasse largement la base de la languette sur chaque bord.
Branches :
Longueur : 45cm, 68cm, 85cm (la plus longue mesurée sur le plus grand pied)
Naissance à la moitié ou aux 2/3 du chaume
Dressées, à un angle supérieur à 45° (50, 60°), aux extrémités non retombantes.
Particularités du développement des branches :
Une seule branche par nœud.
La base de l’unique branche principale se développe en formant une succession d’entrenœuds très rapprochés, et plus longs du coté extérieur vu la forme de la branche, rappelant la carapace du corps d’une écrevisse ou d’un homard.
Sur l’un de ces entrenœuds de la base peut naitre une autre branche, la première des 7 branches secondaires (maximum observé). Les gaines étant persistantes, on peut croire que cette branche nait directement à partir du bourgeon du chaume, à moins d’ôter ces gaines pour effectuer une observation plus précise.
Puis plus haut, toujours le long cette branche principale unique peuvent se développer ensuite jusqu’à 6 autres branches secondaires.
Sur ces branches secondaires peut se développer une génération de branches tertiaires (maximum de générations observé).
Naissance d’une branche :
L’unique branche se développe en écartant le haut de la gaine qui reste en place.
A mesure que la branche écarte la gaine, formant un angle d’environ 25 à 30 degrés, les côtés supérieures de cette dernière s’entourent autour de la branche, laissant juste dépasser le bout de la feuille émergeante, alors que la partie inférieure, épaisse et dure, reste encercler l’entrenœud, et on peut voir que tout les bords de la gaine adhèrent parfaitement soit à l’entrenœud, soit à la branche, sans qu’il n’y ait de passage visible. La partie de la gaine restant soudée à l’entrenœud est même étanche, et retient de l’eau à sa base, eau de pluie ou d’humidité ambiante qui a réussit à s’infiltrer.
Feuilles :
Longueur maxi relevée : 38cm
Largeur maxi : 9.4cm
Quelques tailles de feuilles : 36.5x9cm / 33x9.4 / 36.5x9.2 / 38x9 /23x3.5cm // 16x3cm // 15.5x1.4cm // 14x1.6cm // 14x1.1cm // 9x0.9cm
Absence de tessellations, bien que sur les grandes feuilles des traces apparaissent, pouvant laisser penser à une ébauche de tessellations. La loupe binoculaire 2x10 ainsi que la macro photo ne me permettent pas d’aller plus loin dans l’observation.
En moyenne, 7 nervures secondaires de chaque côté de la principale, cependant sur les plus grandes feuilles, j’ai relevé jusqu’à 13 nervures d’un côté et 12 de l’autre.
Longueur du pétiole : 0.3 à 1cm
Nombre de feuilles par ramule : de 5 à 13. Elles sont rugueuses face externe, et duveteuses face interne. Cependant j’ai rencontré un plant dont les deux faces m’ont parues lisses au toucher.
La base de la feuille, ainsi que la nervure centrale et la gaine foliaire sont parfois d’un jaune d’or remarquable. La nervure centrale est proéminente.
La face supérieure est vert clair, légèrement brillant. La face inférieure est vert glauque, mate, avec la présence (en général) de poils blancs sur les deux faces.
Présence de petits crochets sur tout le pourtour, semblant de moins en moins crochus vers la base de la feuille.
Caractéristiques très particulières des feuilles :
Semblent épaisses et caoutchouteuses au toucher. Bien qu’affichant un port plutôt raide, on peut les plier sans les abimer, et elles reprennent leur forme quand on les relâche.
Très visibles, surtout face interne, certaines feuilles présentent, en partie supérieure, des gondolements transversaux.
Leur maintient dans l’espace va de l’horizontal (sous l’action du vent soufflant toujours d’une même direction elles semblent être figées dans cette position même quand le vent ne souffle pas), à un port ample, pointant plutôt vers le haut mais sinon aussi bien vers les 4 points cardinaux, généré par une situation abritée des vents et semblant influer sur la grande taille des feuilles. Dans les deux cas ou j’ai pu voir des feuilles de grande taille, le lieu était abrité des vents et il y avait un ruisseau à proximité immédiate
Gaine foliaire :
Les gaines fraiches sont le plus souvent d’une superbe coloration jaune d’or, parfois ponctuée de taches noires en partie supérieure. Présence de longs cils blancs à l’apex, parfois torsadés, et aux extrémités souvent enchevêtrés.
Elles sont parfois recouvertes de pruine sur la moitié ou les ¾ de la face dorsale. Par la suite la pruine s’estompe.
Turions
Ils sont entièrement recouverts de gaines d’une couleur gris beige, laissant penser qu’il s’agit de turions morts. Après vérifications, certains sont effectivement morts, d’autres biens vivants. Extérieurement il y a peu de différences entre eux.
D’autres un peu plus grands sont recouverts à l’identique par les gaines, laissant juste dépasser une feuille enroulée et une ou deux languettes vertes, en bouquet final.
Remerciements :
Merci à Khoon Meng Wong (Singapore Botanic Garden) pour les publications qu’il m’a transmise concernant les Greslania, à Jacqueline Fambart-Tinel, de l’IRD de Nouméa, pour m’avoir permis de consulter l’herbier, à Marie Bourgeon et Amanda Pouillen pour m’avoir accompagné à la recherche des Greslania sans oublier Malo, vaillante chienne qui nous a suivi dans la randonnée difficile vers le Pic Buse, sur des pentes parfois sans chemin tracé, d’autres fois bien encombrées de gros blocs rocheux, puis d’une végétation courte mais dense, à la recherche de G.circinata et G.rivularis.
Bibliographie :
- Les Bambusées – E.G.Camus – 1913
- The Bamboos of the World- D.Ohrnberger-1999.
- Notes chronologiques et systémétiques sur des taxons du genre Greslania Balansa (Poaceae-Bambusoideae)–J.P. Demoly – Bulletin de l’AEB ‘Bambou’ n°36 –avril 2001.
- Greslania circinata and Greslania rivularis (Poaceae-Bambusoideae) from New Caledonia - S.Dransfield – The herbarium, Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, Surrey – TW9 3AE, UK – The Journal of the American Bamboo Society -16(1):1-8. 2002
Photos : Robert Kernin, sauf la n°32 (Amanda Pouillen)