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BAMBOUS PASSION
18 février 2015

22 - Les bambous introduits en Nouvelle-Calédonie - 2) Phyllostachys aurea

                              22 - Les bambous introduits en Nouvelle-Calédonie

                                                  2 - PHYLLOSTACHYS AUREA

                                                  Robert Kernin, le 13 février 2015

Remarque : Cet article fait partie du blog ‘Bambous Passion’, crée en 2009, et accessible à l’adresse suivante : http://www.pseudosasa.canalblog.com

      Un bambou du genre Phyllostachys se rencontre assez couramment en Nouvelle-Calédonie.

     Suite à mes recherches bibliographiques et par internet, je n’ai trouvé qu’une seule espèce de Phyllostachys nommée, sans en trouver l’origine, Ph flexuosa, avec certains lieux reconnus, comme par exemple le col de Tonghoué, à proximité de Nouméa.

      Hors d’après toutes les observations que j’ai effectuées, en divers lieux, dont le col de Tonghoué où ce bambou occupe une partie du flanc du col et est visible de la route, il s’avère qu’il s’agit de Phyllostacys aurea. Jusqu’ici je n’ai pas repéré Ph.flexuosa, ce qui ne veut bien sur pas dire qu’il n’existe pas sur ‘le caillou’.

      Concernant Ph.aurea, selon les lieux où j’ai pu l’observer, l’aspect et la taille de cette espèce peuvent s’avérer extrêmement variables, allant du beau chaume de plus de 10m de hauteur et de diamètre supérieur à 5cm, poussant dans un sol profond en bordure de ruisseau, jusqu’au petit chaume rachitique poussant dans un sol d’une sorte de glaise noire, et atteignant péniblement les 2m de hauteur, affichant des branches très courtes, les extrémités ayant séchées, puis étant tombées, sous l’effet des vents, de la sécheresse et du sol pauvre, avec des feuilles devenues très petites, aux extrémités toutes sèches, donnant un aspect de bambou dont on n’aurait taillé les branches, ce qui donne d’ailleurs un certain  décoratif.

      Phyllostachys aurea a ceci de particulier, une caractéristique botanique rendant son identification d’une grande facilité, à savoir la compression de certains de ses entrenœuds, le plus souvent vers la base du chaume, mais pouvant se passer à d’autres niveaux également. Cette compression est dans le sens vertical, mais un entrenœud compressé peut l’être plus d’un côté que de l’autre, ce qui donne parfois des formes en carapace de tortue. Les phyllostachys ayant cette caractéristique ne sont pas nombreux et sont aisément différentiables les uns des autres.

      Lorsque les chaumes sont de petite taille, avec des diamètres autour de 1cm, cette caractéristique s’avère rare sur les clones que j’ai observés, peut-être 1/100.

     Quand on a affaire à des chaumes plus forts, avec des diamètres de 3cm et plus, le pourcentage passe à 1/5, ce qui facilite les choses.

     Un léger renflement, sous le nœud, est également une caractéristique de cette espèce, mais il s’avère que sur les plants que j’ai observés, ce détail est extrêmement rare, contrairement aux clones de la métropole, où, si ce détail ne se voit pas sur tous les chaumes, il se rencontre toutefois fréquemment.

     Il existe un clone de Phyllostachys aurea, originaire du Japon et introduit aux Etats-Unis en 1986 et en France en 1987, qui ne présenterait pas d’entrenœuds compressés, ni de partie renflée sous les nœuds, dont les chaumes seraient tachés de noir et nommé Ph.aurea f.takemurai . Sa distribution en culture reste rare. Le clone présent en Nouvelle-Calédonie présente des entrenœuds compressés, bien que dans pourcentage assez faible, mais pas la partie renflée sous le nœud, ce qui pourrait être son signe distinctif, et quand aux tâches noires sur les chaumes je les ai retrouvées sur quelques uns des chaumes du clone de mon jardin.

Cinq lieux d’observation de Phyllostachys aurea :

1-Col de Tonghoué,

Population importante  (photo1)

photo 1-Ph aurea au Col de Tonghoue

Latitude : 22°11’27’’ Sud---Longitude : 166°29’02’’ Est

Altitude : 110 m (le long de la pente du col, ce dernier atteignant 214m)

La population se trouve sur le côté droit de la route, direction Nouméa/Dumbea-Païta

Mes premières observations ont eu lieu sur des chaumes de petite taille, dont l’un présentait la caractéristique du renflement sous-nodal (photo 2),

photo 2-renflement sous-nodal sur Ph aurea

et j’ai pu trouver quelques chaumes, rares (1 sur 100 peut-être), présentant les entrenœuds compressés (photo 3).

photo 3-entrenoeuds compresses Ph aurea

Puis je suis tombé toujours le long de la même route, à quelques dizaines de mètres en la remontant, sur une population aux chaumes plus forts (3.2cm relevé en diamètre) et le pourcentage des entrenœuds compressés atteint environ 1 sur 5 (photos 4 et 5).

photo 4-exemple d'entrenoeud compresse chez Ph aurea

 

photo 5- autre forme d'entrenoeud compresse de Ph aurea

Feuilles (photo 6):

photo 6-feuilles de Ph aurea

Longueur des plus grandes : 16cm pour 2,2cm de largeur, tessellées (photo 7),

photo 7-tessellations des feuilles Ph aurea

5 à 6 paires de nervures secondaires (photo 8).

photo 8- six paires de nervures secondaires sur feuilles de Ph aurea

2-Robinson (Sud de Nouméa)

Population située sur un promontoire au bout de la zone artisanale, visible de la route qui longe le bord de mer. (photo 9)

photo 9-Ph aurea de Robinson

Latitude : 22°13’37’’ Sud -- Longitude : 166°30’03’’Est  Altitude : 2 à 4m estimé à la base du monticule, qui doit faire lui une quinzaine de mètres de hauteur.

Population n’atteignant pas une grande taille

Les chaumes exposés au soleil sont nettement jaunes, les plus jaunes que j’ai rencontrés ici (photo 10).

photo 10-chaume jaune de Ph aurea à Robinson

Peu de chaumes présentent des entrenœuds compressés, en rapport sans doute avec leurs faibles diamètres, mais le caractère est bien présent (photo 11)

photo 11-entrenoeud compresse de Ph aurea à Robinson

Feuilles tessellées, présentant 5 à 6 paires de nervures secondaires.(photo 12)

photo 12-cinq paires de nervures secondaires feuille de Ph aurea

 3- jardin de Philippe Girard (Nakamal route de la Corniche, Mont-Dore Sud)

 Population assez importante (photo 13),

photo 13-Ph aurea chez Philippe

non visible de la route, bien que juste en arrivant, du côté gauche de la route, il y a une autre population (photo 14).

photo 14-deuxieme population de Ph aurea

 Latitude 22°16’42’’ Sud et Longitude 166°34’55’’ Est 

 Altitude : en bordure de route côtière, estimée autour des 10m

Les chaumes atteignent 2.50 à 6m de hauteur, pour un diamètre de 3.4cm pour le plus fort relevé

Aspect : érigés sans raideur, l’extrémité des plus forts retombante

Pruine légère mais bien voyante sur les nouveaux chaumes, leur donnant un aspect bleuté par endroits (photo 15).

photo 15-legere pruine bleutee sur les nouveaux chaumes Ph aurea

Certains entrenœuds sont compressés, caractère assez rare chez les bambous, et typique de Ph.aurea

Dans cette touffe, environ 1 chaume sur 10 présente quelques entrenœuds compressés. Ce caractère semble plus régulier chez les chaumes d’un fort diamètre, à partir de 3cm.

Non striés

Sillon internodal présent (photo 16)

photo 16- Sillon internodal chez Ph aurea

 Coloration:  anciens chaumes: vert gris terne, mat.

- nouveaux chaumes: vert tendre brillant, clair, paraissant légèrement bleutés par endroits à cause de la pruine

à noter que si ils sont exposés en plein soleil, les chaumes âgés prennent une coloration jaune

Aspect au toucher: lisses

Gaines de chaume: caduques

Branches: 2 par nœud (photo 17)

photo 17-deux branches par noeud chez les Phyllostachys

- Parfois un regard trop rapide nous montre 3 branches, comme sur cette photo, mais en fait la branche de droite prend naissance sur une première branche née elle directement du bourgeon principal. Il arrive fréquemment, dans les premiers entrenœuds porteurs de branches (pas nécessairement ceux de la base du chaume), qu’une seule branche nait au niveau du bourgeon. Le genre Phyllostachys se distingue par le nombre de ses branches : 2 par nœud, avec parfois une seule principalement aux premiers entrenœuds porteurs de branches. Sur les grands chaumes, les branches ne naissent parfois qu’à la moitié de celui-ci.

Feuilles: tessellées, 5 paires de nervures secondaires.

Turions : (photo 18)

photo 18-Turion de Ph aurea

 Les gaines sont crèmes rosé, et commencent par se dessécher en parties latérales supérieures assez rapidement. Les languettes sont généralement fripées, dressées au bouquet final, mais écartées puis à l’horizontale un peu plus bas. Sur certains très gros turions, ces languettes sont très longues et carrément retombantes. Leur couleur est d’un vert rosé violacé, bordée de crème clair (photo 19).

photo 19-Languette de gaine de turion chez Ph aurea

 4- mon jardin  Situé au Mont-Dore Sud.

Le lieu est venté, proche de la mer, la terre une sorte de glaise noire non propice aux plantations. Les bambous y poussent quand même mais atteignent des tailles réduites (photo 20).

photo 20-Ph

Le diamètre des chaumes atteint difficilement 1cm, les entrenœuds compressés sont rares mais le caractère est toutefois présent (photo 21).

photo 21-base de chaume aux entrenoeuds compresses Ph aurea

Le port des branches ne ressemble en rien à la même espèce en terrain favorable, ces dernières étant raccourcies sous le fait des vents, et du mauvais sol. Le plant économise sa structure en laissant sécher une grande partie de ses branches, celles-ci deviennent très courtes (photo 22).

photo 22-branches courtes suite conditions climatiques et sol - Copie_modifié-1

Le feuillage est lui aussi en mauvais état, présentant beaucoup de feuilles partiellement sèches.

Cette espèce arrive cependant à former des haies courtes protégeant efficacement des vents.

Feuilles: 5 à 6 paires de nervures secondaires.

2 à 5 feuilles par ramuscule au stade du premier développement, pouvant atteindre 12 par la suite, avec tous les stades intermédiaires (photos 23, 24, 25 et 26).

photo 23-jeune rameau porteur de 3 feuilles

photo 25- cinq et sept feuilles pour ces deux ramuscules

photo 24-jeunes rameaux sur un nouveau chaume

photo 26-douze feuilles visibles sur cette ramuscule

Sur les chaumes anciens, les rameaux peuvent porter des feuilles de très petite taille (photo 27).

photo 27-feuilles parfois très petites

Leur couleur est vert clair au départ, puis passent progressivement à un vert foncé sur les anciens rameaux.

Les gaines foliaires portent de longs cils blancs à l’apex (photo 28).

photo 28-gaines foliaires ciliees de Ph aurea

Chaumes: certains, en petit nombre, situés dans la terre la plus pauvre, sont tachés/ponctués abondement de  brun (photo 29),

photo 29-chaume de Ph aurea tache et ponctue de brun

d’autres ont des chaumes restant de couleur vert/gris/jaunâtre unie.

Ces taches noires rappellent la définition du clone Ph.aurea f.takemurai, bien que j’ai tendance à soupçonner une conséquence de la nature du sol.

L’époque de sortie des turions semble démarrer en décembre, être à plein régime début janvier, puis se terminer début février.

5- Village de Prony

C’est le lieu où se j’ai trouvé la population la plus importante en taille, occupant une superficie importante.

Prony est un ancien bagne, qui s’est par la suite transformé en village minier. Suite à la fondation de la Société Calédonienne des Mines de Fer (SOCAMIFER), en 1950, des maisons y ont été construites, sur les ruines du bagne. Entre 1952 et 1956 les familles de mineurs s’y sont installées. Actuellement le site est préservé et peut être visité, et est entretenu par quelques habitants et une association.

 D’après monsieur Lamotte, que j’ai rencontré dans le village, ce serait vers cette époque de la SOCAMIFER qu’aurait été planté Phyllostachys aurea, qui proviendrait de prélèvements effectués au Col de Tonghoué. Ce bambou planté en situation idéale, à proximité d’un beau ruisseau (photo 30),

photo 30-Ph aurea en bordure de creek

a très bien profité.

J’ai retrouvé les caractéristiques des entrenœuds compressés (photo 31).

photo 31-Ph aurea de Prony

Le pourcentage de chaumes présentant ce caractère semble faible, même sur ceux de fort diamètre (1 sur 20 voir moins).

Le renflement sous nodal est pratiquement inexistant, comme dans les autres populations observées.

Longueur de chaume relevé: 8.54m pour un diamètre de 3.6cm, mais certains chaumes, avec des diamètres supérieurs (photo 32),

photo 32-chaume de Ph aurea de 5,3cm de diametre

sont nettement plus longs et doivent dépasser les 10m.

Diamètres les plus forts relevés : 5.3cm sur 2 chaumes différents (à quelques entrenœuds du sol, ceux de la base étant moins forts).

Longueurs et largeurs des feuilles : 16cm x 1.8cm // 14cm x 2.3cm //

Nombre de feuilles par rameau : de 2 à 5, puis plus nombreuses sur les rameaux âgés.

Sur certains chaumes âgés, les feuilles sont plus nombreuses par rameau et particulièrement petites : 5cm x 0.7cm

Les chaumes âgés sont de couleur gris vert (photo 33),

photo 33-chaumes gris vert de Ph aurea

et ne sont pas dans leur ensemble particulièrement exposés au soleil, le lieu étant ombragé (village encaissé et végétation luxuriante et variée).

 

Renseignements généraux sur cette espèce

-Originaire de Chine et de Taïwan (anciennement Formose). La forme ‘takemuraï’ est originaire du Japon.

Les chaumes du type, exposés au soleil ont tendance à prendre une couleur jaune dorée.

La taille maximale est donnée pour 10m (photo 34).

photo 34-Ph aurea de Prony, depasse 10m de hauteur

Identification de l’espèce au premier regard : entrenœuds compressés (photo 35)

photo 35-Identification Phyllostachys aurea

 

Synonyme :          Phillostachys formosana

 

Remerciements

-      Merci à Philippe Girard (Nakamal route de la Corniche) et à madame et monsieur Lamotte ainsi que leurs amis à Prony, pour leur accueil sympathique et leur accord pour parcourir le site et leur jardin afin que j’y effectue mes observations et y prélève des échantillons botaniques.

 

Bibliographie

 - Bamboos of the Chitou Forest Recreation Area – The experimental Forest, College of Agriculture National Taïwan University – 1980

 - LES BAMBOUS – Yves Crouzet -1981- (éd.Rustica)

- THE HORTICULTURAL BAMBOO SPECIES IN JAPAN – Hata Okamura and Yukio Tanaka – 1986

 - BAMBOOS of CHINA– Wang Dajun and Shen Shao-Jin – 1987

 - A COMPENDIUM OF CHINESE BAMBOO – China Forestry publishing house- 1994.

 - Hardy Bamboos – Taming the Dragon – Paul Whittaker – 2005.

 

Photos:        Robert Kernin

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