13-LE JARDIN BOTANIQUE EXOTIQUE DU VAL-RHAMEH DE MENTON (FRANCE)
13 LE JARDIN BOTANIQUE EXOTIQUE DU VAL RHAMEH DE MENTON
par Robert Kernin,
Note : Cet article fait partie du blog ‘Bambous passion’, que vous pouvez retrouver à l’adresse : http://www.pseudosasa.canalblog.com/
Photo 1- Entrée du jardin
Remarque : Les noms des bambous cités en premier lieu sont les noms retenus au Jardin du Val-Rhameh. Pour leurs synonymes, dans certains cas plus adaptés à la nomenclature actuelle, voir le nom en caractères gras, cité entre parenthèses, juste à la suite.
Ce jardin, d’une superficie d’un peu plus d’un hectare maison comprise (photo 2),
appartient à l’état depuis 1966 et est géré par le Museum National d’Histoire Naturelle.
Les bambous ne sont qu’une petite partie des plantes que l’on peut y trouver. En 2011, le listing bambous comportait 26 espèces, cependant d’autres, en dehors de cette liste, sont, présentes dans le jardin. Le climat de Menton permet aussi la culture d’espèces tropicales, comme Dendrocalamus asper, Bambusa vulgaris cv.Vittata, ou Otatea acuminata aztecorum. Cinq autres espèces tropicales sont également présentes, mais le temps que j’ai passé dans ce jardin ne m’a pas permis de les rencontrer, excepté Dendrocalamus giganteus mais ce dernier sous la forme d’un tout jeune et très petit plant.
Je reprends dans cet article toutes les espèces, tropicales et subtropicales, que j’ai eu le plaisir de contempler, en présentant chacune d’elles sous forme, plus ou moins précise selon les espèces, de ‘’portrait’’.
Outre les bambous, la fin de l’article présentera quelques photos d’autres plantes rencontrées, ainsi que quelques vues plus générales du jardin.
Les bambous :
1- Pleioblastus chino ‘elegantissimus’- (Arundinaria Chino cv.Angustifolia) :
Cette petite espèce, outre l’espèce type, comprend entre 8 et 13 formes ou cultivars différents. Normalement, la forme ‘elegantissimus’ présente des feuilles vertes striées de blanc. Le bambou que j’ai rencontré ne possède que quelques rares feuilles présentant ce caractère, ce qui est peut-être un retour au type, où bien correspond à une autre forme (photos 3 et 4).
Le port de ce bambou est retombant. Originaire du Japon (contrairement à ce que pourrait supposer son nom), ses chaumes atteignent 2 à 3 m, et un peu plus pour le type (3 à 4m).
2- Bambusa vulgaris var.vittata – (Bambusa vulgaris cv.Striata).
Surprenant de voir ici cette espèce (photo 5), réputée ne pas supporter des températures en dessous de +10°C. Cet exemple nous permet d’élargir ses possibilités de culture, avis à tous ceux qui habitent près de la mer dans les Alpes Maritimes. Les couleurs jaunes des chaumes, striés de vert, ressortent particulièrement sur ce plant (photo 6).
L’origine de ce bambou pourrait être le sud de la Chine, ou bien Madagascar, mais il est répandu maintenant dans toutes les zones tropicales et équatoriales, ainsi que dans les zones subtropicales où le climat permet de le maintenir . Le cultivar Striata est très souvent rencontré dans les jardins botaniques de ces zones. Sa taille est variable selon les climats, j’ai rencontré des plants âgés d’une hauteur de 9 m pour des diamètres de 5/6 cm, et d’autres de 15m de haut pour des diamètres dépassant les 10 cm.
3- Dendrocalamus asper.
Bambou géant (photo 7),
pouvant atteindre 20 à 30m de hauteur, pour des diamètres de 8 à 20 cm.
Cette espèce est supposée être native du Nord de la Malaisie, et répandue de nos jours dans de nombreux pays asiatiques (Indonésie, Thaïlande,Burma, Vietnam, Chine, Philippines, Sri Lanka). Introduite également dans de nombreux autres pays comme l’Australie, Madagascar, Amérique).
Les quelques touffes se trouvant à Menton sont de belle taille, sans atteindre celles des pays tropicaux (photo 8).
La longueur des entrenoeuds atteint 30 à 50 cm (photo 9),
et ceux-ci sont très courts à la base (photo 10),
garnis de courtes racines aériennes (photo 11).
Une pubescence allant du brun clair au blanc argenté recouvre les entrenoeuds des jeunes chaumes (photos 12, 13 et 14),
puis disparaît petit à petit, laissant apparaître le vert clair délavé des chaumes plus âgés (photo 15).
Au niveau du nœud, sur les nouveaux chaumes, on peut remarquer un anneau pubescent brun plus foncé sous le nœud (plus foncé que la pubescence brun clair sur l’entrenoeud), ainsi qu’un anneau blanc (pubescence mélangée de pruine) au dessus du nœud (photo 16).
Sur des chaumes plus âgés, cette pubescence tombe, et seul reste un anneau blanc de pruine dessous et au dessus du nœud, plus ou moins visible selon les chaumes et sans doute leur âge (photo 17).
Les gaines de chaume sont caduques. Les nouvelles sont recouvertes d’une pubescence fournie, allant du brun au blanc argent (photos 18 et 19).
Des bandes sombres ornent le pourtour des gaines (photo 20).
Présence de cils blancs sur les bords des gaines (photo 21).
Sur les gaines plus anciennes, les poils sont tombés, et on constate des taches brunes sur toute la surface externe de la gaine (photo 22).
Les oreillettes de gaines de chaume sont présentes, bien que petites, et ornées de cils (photo 23).
Une bande brune, ornée également de cils (photo 24),
les relie à la base de la languette de gaine. Remarquer sur cette même photo 24, derrière la bande brune, en deuxième plan, les sortes de dents ou de créneaux constituant la partie supérieure de la ligule de gaine de chaume, ornés eux aussi de longs cils. A noter, du côté externe, qu’une bande brune longe toute la base de la languette et se prolonge de part et d’autre jusqu’aux oreillettes (photo 25).
La ligule de gaine de chaume est bien visible, sa partie supérieure est crénelée, chaque créneau étant orné de longs cils (photo 26).
Les languettes de gaines de chaume sont étroites et longues, les bords remontant et s’enroulant légèrement (photo 27).
Elles sont horizontales sur les chaumes grandissants, puis retombantes sur les gaines plus âgées (photo 28, où les deux états sont visibles).
Les turions naissants sont de forme conique accentuée, avec une base très large (photos 29, 30 et 31).
Leurs gaines sont recouvertes d’une pubescence allant du brun clair au beige parfois presque blanc, avec une discrète teinte orangée semblant plus accentuée dans la partie supérieure des turions (photo 32).
Les languettes de gaine sont d’un brun foncé, brillantes, et se dressent plus on approche du sommet du turion (photo 33),
pour finir en bouquet final érigé, où on peut aussi remarquer qu’elles sont légèrement ondulées (photo 34).
Concernant les branches, il y a une dominante centrale, puis au moins 2 latérales secondaires (parfois plus) et enfin de nombreuses petites (photos 35, 36 et 37).
Dans la partie inférieure des chaumes, le gros bourgeon central reste dormant, seules les petites branches se développent parfois (photo 38).
Les gaines foliaires sont pubescentes (photo 39).
Les feuilles sont grandes, de 20 à 30 cm de long pour 3 à 5 cm de large, et au nombre de 5 à 9 par ramule (photo 40).
4- Otatea acuminata (Otatea Aztecorum).(photo 41).
Genre originaire du Mexique, et s’étendant jusqu’àu Honduras, en passant par l’état de El Salvador, avec également une petite population au Nord Est de la Colombie.
Deux espèces et une sous-espèce sont reconnues, ou 3 espèces selon les botanistes. Dans le premier cas cela donne Otatea acuminata subsp. acuminata ; Otatea acuminata subsp. Aztecorum et Otatea fimbriata. Dans le deuxième cas cela donne Otatea acuminata, Otatea Aztecorum et Otatea fimbriata. Je conserve ici le deuxième cas. Le plant ou plutôt les plants cultivées ici seraient O.Aztecorum et non O.acuminata. Comme indiqué dans l’ouvrage ‘Bambous en France’ de J.P.Demoly, les gaines de chaumes sont persistantes (on peut toutefois remarquer quelques chaumes sur lesquels les gaines se sont détachées,(est-ce naturellement ou pour observation ? ) et se désagrègent sur le chaume (photo 42),
et sont densément pubescentes à l’état jeune (photo 43 et 44).
Le haut de la gaine de chaume, juste à la base de la languette, est également recouvert de poils denses, orientés vers le haut (photo 45).
On peut aussi remarquer de longs cils auriculaires, dont certains prennent naissance sur la partie dorsale du haut de la gaine de chaume (photo 46),
d’autres prenant naissance sur le bord de gaine, toujours à l’apex (photo 47).
Je n’ai pas effectué d’observations concernant la présence ou non d’oreillettes de gaines de chaume, et mes photos ne sont pas assez précises pour donner un avis.
A noter, uniquement sur les gaines de la base des chaumes, la partie dorsale du haut de la gaine, de couleur blanchâtre avec de légères teintes de rose et de vert et dénuée de poils (photos 48, 49 et 50)
Les languettes de gaine des turions sont dressées et ondulées, et plaquées au chaume (photo 51).
Certaines s’écartent très légèrement vers le bouquet final, tout en restant pointées vers le haut (photo 52).
Les languettes du bouquet final, dressées, s’entrelacent en faisant penser à l’image d’une flamme (photo 53).
Les feuilles sont longues de 18 à 25cm, pour une largeur de seulement 1 à 1.5cm, donnant un effet de finesse extrême (photo 54).
Certains chaumes retombent sous le poid du feuillage (photo 55),
d’autres restent dressés et arborent un houppier de feuilles à leur extrémité (photo 56),
le tout du plus bel effet décoratif.
Les chaumes atteignent une hauteur de 3 à 5m, pour des diamètres avoisinant les 2cm (photo 57).
Cette espèce peut être maintenue en extérieur dans certains coins abrités du midi de la France, elle est donnée comme résistant à ds froids de – 5°C, mais je précise -froid sec-. Pour ma part, j’ai testé Otatea Aztecorum en Bretagne, réputée pour son climat humide, durant l’hiver 2002/2003. Le plant a subi un gel de -9 à -10°C durant quelques jours, et tout ce qu’il y avait hors sol est mort. J’avais paillé le pied (photo 58). Après un redémarrage timide au printemps, avec la sortie de quelques petits turions, l’hiver suivant l’a achevé.
5- Phyllostachys aureosulcata f. spectabilis (Phyllostachys aureosulcata cv.Spectabilis).
L’espèce type est originaire de Chine, ainsi que ce cultivar (photo 59).
Ce dernier peut atteindre une taille entre 5 et 8m en France, selon la région et les conditions de culture, pour des diamètres entre 1 et 5 cm, ce dernier étant exceptionnel.
La base des chaumes est parfois sinueuse (photo 60),
caractère aidant à l’identification, bien que quelques autres espèces le partagent. Mais ce cultivar est particulièrement attrayant par ses coloris, chaume jaune au sillon internodal vert, et parfois parcouru de lignes vertes en dehors du sillon (photo 61).
Au printemps, les nouveaux chaumes se teintent de rouge au niveau des nœuds (photo 62),
mais également sur la partie de l’entrenoeud exposé au soleil.
Un très beau bambou résistant à des froids jusqu’à -22°C (donné même jusqu’à -26°C), qui étonne toujours pas l’intensité de ses diverses colories.
6- Phyllostachys bambusoïdes : (photo 63).
Bambou géant pouvant atteindre 15m pour des diamètres de 10 à 15cm, cette espèce est décevante lorsqu’elle est plantée au nord de la Loire en France. Je l’ai testé, durant de nombreuses années, en Sud Bretagne, où elle végétait, sensible peut-être à une ambiance trop humide, où à une durée d’ensoleillement et/ou chaleur insuffisants. Dans l’ouvrage de E.G.Camus, « Les Bambusées », il est relaté des gaines de chaumes, en provenance de Prafrance à Anduze, de 70cm de long (sans la languette de gaine, qui elle mesurait 20cm de long). Voilà donc une espèce à ne pas planter dans n’importe quelle région, mais par chance ses cultivars sont bien moins sensibles.
A menton, sans battre de record, il atteint une taille respectable avec de beaux diamètres de chaumes (photo 64).
Ceux-ci sont très droits, le nœud étant légèrement proéminent. On peut remarquer un anneau blanc de pruine sous celui-ci (photo 65).
Les feuilles de cette espèce sont parcheminées, un caractère pouvant faciliter son identification (photo 66).
Cette espèce est originaire de Chine.
7- Phyllostachys nigra (Phyllostachys nigra gr.Punctata).
Ce superbe bambou noir est le rêve de tous les collectionneurs (photo 67).
Quelques soient les conditions, ses chaumes ne vous décevront pas. En Bretagne, la touffe que j’avais obtenue subissait des vents et courants d’air assez forts, cela se ressentait sur le feuillage et sans doute sur la taille des chaumes, mais ils avaient tout de même ces magnifiques couleurs, vert à leur naissance (photo 68),
devenant jaunâtre ponctué de noir la deuxième année (photo 69),
puis noir par la suite (photo 70),
pour finir, dans leur grand âge, par perdre cette cuticule de noir et devenir blanc gris terne.
Un anneau blanc de pruine souligne la partie inférieure du nœud (photo 71).
Les branches des Phyllostachyssont en général au nombre de deux, mais parfois on peut en compter 3 (photo 72),
voir plus. Il s’agit en général de branches prenant naissance sur l’une des deux principales, mais les entrenoeuds de la base des branches étant parfois très compressés, on peut croire à la présence d’une troisième branche. Ceci dit, comme la nature est faite d’exceptions, la possibilité de trouver parfois d’autres branches n’est pas à exclure.
Les feuilles sont petites, pouvant être parfois d’un vert assez foncé, et sont du plus bel effet sur le noir des chaumes (photo 73).
Les gaines de chaume sont brun clair parfois un peu gris, couvertes de poils, et bordées de cils (photos 74 et 75).
Elles sont munies de longues oreillettes bordées de longs cils (photos 76 et 77).
Les turions de petit diamètre présentent de longues languettes de gaines, ondulées (photo 78).
Les turions donnant de plus gros chaumes sont plus massifs, leurs languettes sont plus courtes et moins ondulées (photo 79).
Afin de pouvoir contempler son beau feuillage, cette espèce est à planter à l’abri du vent.
Espèce originaire de Chine.
8- Phyllostachys sulphurea (Phyllostachys viridis cv.Robert Young)(photo 80)
A ne pas confondre avec Phyllostachys bambusoides cv.Sulphurea, comme on pourrait le faire vu l’étiquetage; sujet à confusion, indiqué ici pour cette espèce.
Originaire de Chine, ce bambou peut atteindre une taille de 15m, pour des diamètres de 10cm. Toujours dans ma région Bretagne, le plus haut chaume a dépassé les 7m, pour un diamètre de 5cm, la situation du jardin étant exposée aux vents. Son bois est très dense et lourd, comparativement à de nombreuses autres espèces de Phyllostachys.
La coloration de ses chaumes est très attractive, ceux âgés de plus d’un an prenant une coloration jaune qui devient plus marquée au fil des années (photo 81),
et les nouveaux étant d’un vert assez clair, rappelant parfois le vert pistache (photo 82).
Des lignes vertes viennent assez souvent contraster avec le jaune des chaumes, plus particulièrement à leur base, mais pas dans le sillon internodal.
Les nœuds sont soulignés à leur base d’un anneau de pruine blanche (photo 83).
Les turions, surtout ceux des chaumes de petite taille, sont d’un vert très clair (photo 84),
par la suite ils ont un fond clair vert à jaune ponctué de taches brunes (photo 85).
Le bouquet final du turion présente de longues languettes, de couleur jaune orange, avec le centre vert (photo 86).
La sortie de ces turions est assez tardive, du moins en Bretagne, à partir du mois de mai et s’étalant jusqu’à fin juin (photo 87).
Les gaines de chaume, ponctuées de taches brunes (photos 88 et 89),
font ressortir les nouveaux chaumes sur les cannes jaunes âgées. Elles laissent apercevoir parfois le vert pistache du nouveau chaume (photo 90).
A l’apex de la gaine, on peut voir la languette bordée de jaune et verte à son centre, ainsi que la ligule assez large et ornée de quelques cils (photo 91).
On peut aussi constater l’absence d’oreillettes.
9- Shibataea kumasaca
Petit bambou atteignant 1m à 2m pour des diamètres de chaume de 0,2 à 0,6cm (photo 92),
originaire du Japon et de Chine, qui se prête particulièrement à la taille.
Les branches sont très courtes, de 2 à 6 au niveau d’un nœud, et terminées par une à deux feuilles (photo 93).
Ces dernières pointent dans différentes directions autour du chaume, comme on peut le voir en regardant par le dessus (photo 94).
Le feuillage est très fourni.
Ce petit bambou supporte des grands froids à – 20° et même parfois au-delà suivant sa situation et son exposition. Vraiment parfait pour constituer de petites haies basses pour séparer par exemple deux coins de jardin !
Je termine cet article par quelques autres photos sur le jardin et sur quelques espèces de plantes diverses. En cliquant dessus, vous pourrez lire leur nom.
Bibliographie :
- Les Bambusées – E.G.Camus – 1913-
- Les Bambous – Yves Crouzet – 1981
- The Horticultural Bamboo Species in Japan – Hata Okamura and Yukio Tanaka – 1986-
- Bamboos of China – Wang Dajun and Shen Shao-Jin – 1987-
- A Compendium of Chinese Bamboo – China Forestry Publishing House- 1994-
- Bambous en France – J.P.Demoly – 1996
- American Bamboos – Emmet J.Judziewicz, Lynn G.Clark, Ximena Londono, Margaret J.Stern – 1999-
- The Bamboos of the world – D.Ohrnberger- 1999
- Catalogue Général –Les Pépinières de la Bambouseraie- 2000-
- Hardy Bamboos – Paul Whittaker – 2005-
- Ornemental Bamboos – David Crompton – 2006
Article terminé d’écrire le 17Octobre 2012
Photos: Rékia et Robert Kernin